« Ça ne devrait pas arriver », dit le PM
La frappe sur un convoi humanitaire à Gaza est « inacceptable » et mérite une enquête, selon Justin Trudeau
Justin Trudeau réclame une enquête « transparente et indépendante » sur la frappe israélienne qui a décimé mardi une équipe de sept travailleurs humanitaires à Gaza, dont un Québécois de la Beauce, sur place pour distribuer de la nourriture.
« Nous avons besoin de clarifier ce qui s’est passé. Nous avons besoin de mieux protéger les civils et les gens humanitaires, les travailleurs humanitaires », a soutenu M. Trudeau.
Il s’agissait d’une frappe « absolument inacceptable », a déclaré M. Trudeau.
Mardi, le premier ministre Benyamin Netanyahou a reconnu qu’Israël était responsable la veille de la mort de ces sept travailleurs humanitaires, parlant de la frappe d’un convoi de quelques véhicules « non intentionnelle » et la qualifiant de « tragique ».
« Cela arrive dans une guerre », avaitil dit, s’engageant à faire « tout pour que cela ne se reproduise plus jamais ». En marge d’une conférence de presse sur le logement hier, le premier ministre a aussi servi une rebuffade à son homologue.
« ÇA NE DEVRAIT PAS ARRIVER »
« Je ne suis pas d’accord avec le premier ministre [Benyamin] Netanyahou quand il dit que c’est des choses qui arrivent dans la guerre. Mais non, ça ne devrait pas arriver. Ceux qui sont là pour protéger les civils doivent être protégés eux-mêmes. »
Un des travailleurs humanitaires du World Central Kitchen (WCK) tués lundi était Jacob Flickinger, un Québécois natif de la Beauce.
« Nous avons besoin de réponses », a clamé sa conjointe, Sandy Leclerc, à la chaîne ABC hier, évoquant une situation « très floue ».
« Je suis dévastée par la nouvelle », a-telle confié, ajoutant ne pas savoir comment expliquer sa mort à leur fils de 18 mois.
Le père de Jacob Flickinger, John, a indiqué à la BBC avoir lui-même perdu son père lors d’une guerre, déclarant, la voix étranglée par l’émotion: « j’ai grandi sans père. Et maintenant, c’est mon petit-fils qui grandira sans son père ».
Justin Trudeau a plaidé pour plus d’aide à Gaza et pour un cessez-le-feu. Il a plaidé aussi pour que le Hamas libère les otages israéliens.
PRESSION INTERNATIONALE
Le premier ministre israélien fait face à une pression internationale accrue, notamment de la part du président américain Joe Biden qui l’a lui aussi pressé hier de conclure « sans délai » un accord pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, au bord de la famine.
M. Biden, qui s’était dit « indigné » par cette frappe, a évoqué pour la première fois la possibilité de conditionner l’aide américaine à Israël à des mesures « tangibles » de la part du gouvernement israélien pour répondre à la catastrophe humanitaire en cours dans le petit territoire assiégé.
Devant la pression, Israël va permettre la livraison « temporaire » d’aide dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, via le port d’Ashdod et le point de passage d’Erez, a annoncé le bureau du PM Netanyahou hier soir.
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, près de 200 travailleurs humanitaires ont été tués, selon Christopher Lockyear, secrétaire général de Médecins sans frontières.
« Ce type d’attaques est soit intentionnel, soit révélateur d’une incompétence dangereuse », a-t-il fustigé hier lors d’une conférence de presse à Genève.
Les autres victimes de l’attaque provenaient notamment d’Australie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon World Aid Kitchen, qui a dénoncé une « attaque ciblée » et décidé de « suspendre ses opérations dans la région ».