La pire faillite de l’histoire de Québec
Un promoteur est empêtré dans une situation « invivable » et cumule des dettes personnelles totalisant 463,6 M$
Incapable de se relever de la spectaculaire débâcle de son empire immobilier, le promoteur déchu Stéphan Huot déclare la plus grande faillite personnelle de l’histoire de Québec, avec des dettes de 463,6 M$.
« C’est la pire défaite de ma vie », a confié Stéphan Huot, en entrevue avec notre Bureau d’enquête.
Celui qui était à la tête du défunt Groupe Huot a signé, mercredi, tous les papiers visant à officialiser sa faillite personnelle.
« Je n’ai jamais eu une faillite personnelle, je n’avais jamais eu à passer par là. Mais là, je ne suis plus capable, c’est invivable. Il faut que ça arrête un moment donné », a-t-il lancé, visiblement abattu.
Avec un déficit de 463,6 M$, Stéphan Huot dépasse de loin la retentissante faillite de l’hôtelier Raymond Malenfant, survenue en 1993, qui était jusqu’ici, selon nos recherches, la plus importante à Québec.
ÉCHEC RETENTISSANT
Il s’agit d’un revirement de situation pour l’homme d’affaires, qui se disait confiant, l’automne dernier, d’éviter d’en arriver à ce point.
Le promoteur venait alors de se mettre à l’abri de ses créanciers pour 1,179 G$, faisant de cette procédure d’insolvabilité l’une des plus importantes, en dollars, de l’histoire du Québec.
La vente des entreprises du Groupe Huot – dont les cinq complexes immobiliers acquis par le groupe MACH pour 560 M$ et l’achat d’Airmedir par Dessercom pour 54 M$ – a toutefois permis de réduire considérablement le passif de Stéphan Huot au cours des derniers mois.
« Plusieurs biens ont été vendus, ça éliminait les endossements au fur et à mesure », explique le syndic Stéphane Leblond, qui gère ce dossier.
Ce dernier estime que d’autres transactions à venir – entre autres dans les dossiers du centre de distribution Transrapide, ainsi que dans celui des condos locatifs l’Aventura – pourraient retrancher jusqu’à 150 M$ de plus de la dette de Huot, pour la situer aux alentours de 315 M$.
Stéphan Huot, lui, se montre encore plus confiant en affirmant que d’autres arrangements pourraient abaisser sa dette finale à un montant se situant entre 150 M$ et 175 M$.
Dans tous les cas, des créanciers ne reverront pas la couleur de leur argent, reconnaît le promoteur.
« Il ne me reste plus rien. J’aurais aimé pouvoir payer tout le monde. Mais je ne suis pas capable. J’ai fait mon possible », a-t-il affirmé.
950 FOIS MOINS D’ARGENT
Cette annonce survient alors que les créanciers de Stéphan Huot devaient se prononcer hier matin, après de nombreux reports, sur la proposition concordataire qui leur avait été soumise en novembre dernier.
Le promoteur offrait entre autres de verser un maigre 1,25 M$ pour dédommager une soixantaine de créanciers non garantis… qui lui réclamaient une somme 950 fois plus élevée, soit 1,19 G$.
Huot ayant déclaré faillite, les créanciers n’auront finalement pas à se prononcer sur cette proposition.
Pour Stéphan Huot, la suite des choses est inconnue. « J’ai des gens à Montréal, en Floride, qui m’ont dit de venir travailler avec eux. Je ne sais pas ce que je vais faire, j’ai besoin de recul », a-t-il conclu, affirmant qu’il avait fait des « erreurs ».