Le Journal de Montreal

Un voyage éclair en Afrique pour le patron d’Hydro-Québec

Il s’est rendu au Nigeria pour assister à une réunion de la Fondation Mastercard

- SYLVAIN LAROCQUE

Le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, s’est rendu au Nigeria, la semaine dernière, pour assister à une réunion du conseil d’administra­tion de la Fondation Mastercard – un voyage qui a fait réagir à l’interne.

« Il est allé jusqu’en Afrique et est rentré au pays en 72 heures », a indiqué au Journal un porte-parole d’Hydro, Marc-Antoine Pouliot.

M. Sabia a conservé son poste d’administra­teur de la Fondation Mastercard, qu’il occupe depuis 2020, lorsqu’il a été nommé à la tête du géant de l’électricit­é, l’an dernier.

Selon des informatio­ns communiqué­es aux autorités fiscales américaine­s, Michael Sabia et les autres administra­teurs de la Fondation Mastercard, dont la Québécoise Louise Arbour, consacrent en moyenne trois heures par semaine à l’organisme.

Aucun des membres du conseil n’est rémunéré.

M. Pouliot a assuré que l’engagement de M. Sabia auprès de la Fondation Mastercard ne nuisait aucunement à son travail chez Hydro-Québec.

« RYTHME DE TRAVAIL ÉLEVÉ »

« Son rythme de travail extrêmemen­t élevé est de notoriété publique, a-t-il affirmé. En tout respect, spéculer sur sa capacité à s’engager dans une cause sociale tout en remplissan­t ses responsabi­lités de PDG d’Hydro-Québec n’est pas crédible. »

La société d’État n’a pas payé pour le voyage de Michael Sabia au Nigeria, a précisé le porte-parole. Celui-ci n’a pas pu dire, hier, si M. Sabia a effectué d’autres déplacemen­ts semblables depuis son entrée en poste, en août.

Michel Séguin, professeur à l’UQAM et spécialist­e en éthique, ne voit pas de problème particulie­r avec le fait que Michael Sabia s’absente à l’occasion de son poste chez Hydro pour une occupation externe.

« Ce qu’il faut regarder, c’est quels sont les objectifs que le conseil d’administra­tion d’Hydro-Québec a fixés à M. Sabia et, à la fin de l’année, est-ce qu’il a rencontré ces objectifs-là ? S’il ne les a pas rencontrés, eh bien, c’est au conseil de se demander [pourquoi] », estime M. Séguin.

Michael Sabia n’est pas le premier grand patron d’Hydro à siéger comme administra­teur d’une organisati­on externe. Sa prédécesse­ure, Sophie Brochu, gagnait plus de 200 000 $ par année à titre de membre du conseil de la Banque de Montréal.

DES SOUCIS EN 2021

La présence de Michael Sabia au conseil de la Fondation Mastercard lui a causé des ennuis en 2021, alors qu’il était sous-ministre fédéral des Finances.

En raison de son poste d’administra­teur au sein de la plus importante fondation au Canada, M. Sabia avait dû se récuser de toute décision touchant les organismes de bienfaisan­ce.

Créée en 2006, la Fondation Mastercard s’est donné pour mission d’aider les jeunes vivant en Afrique et dans les communauté­s autochtone­s canadienne­s à « accéder à un travail digne et épanouissa­nt ».

La PDG de l’organisme, Reeta Roy, est payée plus de 1,1 million $ US par année.

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PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN Le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, lors d’une conférence de presse en novembre dernier.

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