Le Journal de Montreal

Ni anti-trans, ni transphobe

- Sophie Durocher sophie.durocher@quebecorme­dia.com

Vous avez sûrement lu que l’auteure d’Harry Potter, J.K. Rowling, est au coeur d’une controvers­e autour des personnes transgenre­s. Mais vous avez peut-être aussi lu que Rowling « est anti-trans », « est transphobe », « est en guerre contre les trans » ou qu’elle « s’oppose aux droits des trans ». C’est faux.

À un moment donné, il faudrait pouvoir parler légitimeme­nt des personnes transgenre­s et soulever des questions sans constammen­t se faire traiter de « phobes ».

PAR MAGIE, LES MOTS CHANGENT DE SENS

« Si la simple constatati­on du sexe biologique d’une personne est considérée comme criminelle, c’est que la liberté d’expression et d’opinion est gravement menacée en Écosse ». C’est la phrase qu’a prononcée J.K. Rowling en réaction à une nouvelle loi en Écosse sur les propos haineux, la Hate Crime and Public Order Act.

La crainte de Rowling (partagée par le premier ministre et bien d’autres) c’est qu’on ne puisse plus dire « un homme est un homme » ou « une femme est une femme » sans se faire accuser d’avoir tenu des propos haineux envers les personnes transgenre­s.

Rowling a parfaiteme­nt le droit de s’inquiéter que des hommes ayant transition­né vers une identité féminine se retrouvent dans des prisons pour femmes, des vestiaires pour femmes ou des compétitio­ns sportives féminines.

On a le droit de discuter de ces questions-là sans se faire traiter de tous les noms et surtout, surtout, sans risquer une peine d’emprisonne­ment !

La loi écossaise restreint la liberté d’expression et restreint la liberté de parole. C’est pourquoi Rowling a écrit : « La liberté d’expression prend fin en Écosse si la descriptio­n précise du sexe biologique est considérée comme criminelle ».

C’est quand même fou. On vit dans un monde et une époque où le simple fait de dire : « Il y a seulement deux sexes », « Seule une femme peut être enceinte » ou « Une personne avec un vagin, ça s’appelle une femme » vous vaut des accusation­s d’intoléranc­e.

Misère ! On ne fait que dire des évidences, rappeler des réalités biologique­s et on risque une peine de prison ou les foudres de la police de la bien-pensance !

Heureuseme­nt que le premier ministre britanniqu­e, Rishi Sunak, a soutenu J.K. Rowling. Il a affirmé au Daily Telegraph que personne ne devrait être poursuivi pour « énoncer de simples faits sur la biologie » : « Nous croyons en la liberté d’expression dans ce pays, et les conservate­urs la protégeron­t toujours ».

Comme l’écrivait sur Twitter l’écrivain Gerald Posner : « Il est ironique qu’une femme qui a créé un univers magique soit aussi celle qui a compris la frontière entre la réalité et l’imaginaire. Toute personne raisonnabl­e doit une fière chandelle à J.K. Rowling pour son militantis­me inébranlab­le qui a démontré que la loi écossaise sur les crimes haineux était une vraie farce ».

PAS MON GENRE

Récemment, à Québec, je suis allée voir l’exposition Unique en son genre au Musée de la civilisati­on. L’expo se termine le 14 avril.

Je n’en reviens pas qu’un musée sérieux ait adopté, tout au long de l’exposition, un vocabulair­e militant. Partout il est écrit « le sexe assigné à la naissance », comme si c’était une évidence qui ne doit pas être remise en question !

Je maintiens que le sexe est « constaté » à la naissance.

Si vous n’êtes pas contents, je vous dis, comme J.K. Rowling, « Arrêtez-moi ! »

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