L’un des frères Scoppa restera en prison
Le tribunal juge qu’il présente un risque de fuite trop élevé, alors qu’il fait face à une extradition aux États-Unis
Les rêves d’une vie tranquille d’un des frères du clan mafieux Scoppa devront attendre puisqu’un juge a ordonné le maintien de sa détention provisoire en vue de son extradition aux États-Unis, où il est accusé d’avoir pris part à un vaste réseau de trafic de stupéfiants.
« Roberto Scoppa se dit prêt à déposer n’importe quelle somme d’argent [pour être remis en liberté], mais ça ne rassure pas le tribunal, étant donné qu’il aurait dit avoir fait des millions en trafiquant de la drogue », a expliqué le juge Marc-André Blanchard, hier, au palais de justice de Montréal.
Visiblement attristé, le Montréalais de 55 ans a jeté des regards à ses proches venus le soutenir et qui n’ont pas caché leur déception.
FAMILLE TROUBLE
C’est que durant les audiences précédentes, Scoppa s’était efforcé de se dépeindre comme un simple travailleur qui souhaitait se lever tôt, aller au boulot dans la construction, puis aller s’occuper de sa famille. Il avait même d’une certaine façon renié ses frères Andrea et Salvatore, qui étaient considérés comme des hauts gradés dans le crime organisé montréalais avant d’être assassinés.
« On ne choisit pas sa famille, ce n’est pas par choix qu’on avait des contacts, c’est eux qui venaient chez moi pour me déranger », avait témoigné Roberto Scoppa, en réfutant l’idée qu’il faisait partie du crime organisé.
Ce portrait contraste toutefois avec celui des autorités américaines, qui demandent au Canada d’extrader Scoppa en Californie afin de le juger pour une kyrielle d’accusations en lien avec la cocaïne et l’héroïne, entre autres. En cas de culpabilité, il risque au minimum 10 ans d’incarcération, bien que la sentence pourrait être pire.
UN « GROSSISTE » DE DROGUE
Car selon les procureurs américains, Scoppa aurait fait partie d’un important réseau de drogue qui était capable d’exporter des centaines de kilogrammes de cocaïne et d’autres drogues du Mexique à Los Angeles, dans le but d’ensuite l’exporter au Canada ou pour le redistribuer chez nos voisins du Sud.
Scoppa aurait été celui qui achetait des « quantités massives » de drogue, tel un « grossiste ».
Les policiers américains estiment que le groupe a trafiqué un total de 951 kg de cocaïne, 845 kg de métamphétamines, 20 kg de fentanyl et 4 kg d’héroïne. Vendue en gros, toute cette drogue avait une valeur pouvant aller jusqu’à 37 M$ CA.
« Il dit n’avoir jamais commis de crime aux États-Unis, mais il y a bel et bien de la preuve », a dit le juge.
Ainsi, même si Scoppa se disait prêt à porter un bracelet électronique pour rassurer le tribunal qu’il ne prendrait pas la fuite, ça n’a pas suffi aux yeux du magistrat qui a rappelé que cette mesure n’était pas une « panacée ».
Et même si les liens de Scoppa avec le Québec sont « indéniables », le risque qu’il se volatilise une fois libéré était trop important.
Scoppa restera donc détenu pour la suite des procédures, qui pourraient prendre des mois étant donné qu’il compte contester son extradition.
Il reviendra à la cour le mois prochain, pour une étape préliminaire dans son dossier.