« Où sont passés nos 150 000 $ ? »
Le Groupe Huot a été incapable de rembourser les six étudiants de l’école de pilotage, qui ont chacun perdu 25 000 $
La faillite personnelle de Stéphan Huot est un coup de massue pour des étudiants de l’école de pilotage Capitale Hélicoptère, qui ont perdu 150 000 $ dans la débâcle du Groupe Huot.
« C’est enrageant ! » peste Samuel Gardner, qui n’a jamais revu l’argent perdu dans l’école de pilotage appartenant à Stéphan Huot.
Ce promoteur immobilier a signé, mercredi, la plus importante faillite de l’histoire de Québec avec des dettes totalisant 463,6 M$, a révélé hier notre Bureau d’enquête.
À l’échelle du Québec, il s’agit de la quatrième plus grosse faillite personnelle enregistrée à ce jour.
Au printemps 2023, Samuel Gardner et les cinq autres membres de sa cohorte avaient chacun versé quelque 25 000 $ en acompte à l’école Capitale Hélicoptère, pour assumer les frais d’essence des premiers vols.
Le Groupe Huot était alors en difficulté financière, ce qu’ignoraient les étudiants.
Et quelques semaines plus tard, après avoir assisté à une poignée de cours théoriques, l’établissement se déclarait insolvable.
Les six membres de cette cohorte étaient renvoyés à la maison, sans avoir volé une seule minute et sans possibilité de ravoir leurs acomptes.
« Où sont passés les 150 000 $ que nous avons versés ? Ils ont juste fait disparaître cet argent-là ! » s’insurge Samuel Gardner qui avait économisé durant des années pour réaliser son rêve de devenir pilote d’hélicoptère.
La situation était d’autant plus frustrante pour ces élèves que le fils de Stéphan Huot avait pu terminer sa formation, malgré la fermeture de l’école.
AUCUN RECOURS
Samuel Gardner a multiplié les démarches au cours des derniers mois pour retrouver son argent, en vain. Ses espoirs ont aujourd’hui disparu : l’école Capitale Hélicoptère est insolvable et n’a aucun actif, et Stéphan Huot vient de faire faillite.
« Nous n’avons plus aucun recours », déplore le jeune homme de 28 ans, qui avait déménagé à Québec et abandonné une carrière dans l’armée pour suivre cette formation.
Depuis la fin des cours, Samuel Gardner a cumulé les « jobines ». Il entend maintenant quitter Québec et retourner vivre à Sherbrooke, où il a grandi.
« Je n’aurais pas déménagé si j’avais fini mon cours à Québec. Mon plan, c’était d’être pilote à Québec », insiste-t-il.
FORMATION À NEUVILLE
Un autre élève de la cohorte, Félix Gauthier, a eu plus de chance. Analyste en informatique, il a poursuivi sa formation de pilote chez Attitude Hélicoptère, à Neuville.
Cette école avait tout mis en place, l’an dernier, pour reprendre les étudiants abandonnés par Stéphan Huot. Quatre d’entre eux ont accepté cette offre.
À 33 ans, Félix Gauthier a ainsi pu compléter ses cours, mais à temps partiel et à son rythme, ce qui lui a permis de conserver son travail et de payer l’école.
« J’ai travaillé fort. J’espérais au moins pouvoir avoir un certain retour là-dessus, mais ça fait un an, j’ai bien réalisé que je ne recevrai pas un chèque de Stéphan Huot », explique celui qui a déboursé au total quelque 92 000 $ pour réaliser son rêve.
LE CÉGEP PAIE
Félix Gauthier a complété sa formation aux côtés de trois étudiants français – Thomas Jaffré, Pierre Lauffer et Kevin Gérard – qui avaient eux aussi perdu 25 000 $ chacun dans la débâcle du Groupe Huot.
Ces ressortissants, qui bénéficiaient d’un visa étudiant, devaient suivre une formation de neuf mois à l’école de pilotage Capitale Hélicoptère, affiliée avec le Campus Notre-Dame-de-Foy.
À la suite de la fermeture de l’école toutefois, l’établissement scolaire a accepté de dédommager ces trois Français.
En entrevue avec notre Bureau d’enquête en octobre dernier, Stéphan Huot se disait toutefois convaincu de pouvoir rembourser ces jeunes d’ici la fin de l’année 2023, ce qui ne s’est pas produit.