Une génération de terroristes, bravo B id en!
Dans toutes les démocraties, à l’approche de la date du scrutin, on ne pense qu’à court terme : gagner d’abord, ramasser les pots cassés plus tard. La guerre dans la bande de Gaza risque de faire perdre l’élection à Joe Biden et d’engendrer une nouvelle génération de terroristes. Méchant bilan !
Les sondages, à sept mois de l’élection présidentielle américaine, doivent être examinés avec retenue. Ils servent, malgré tout, de repères dans la mer agitée de ces débuts de campagne électorale.
Le sondage du Wall Street Journal, cette semaine, discerne de nombreux écueils sur la voie de Joe Biden. Dans six des sept États clés qui feront une différence le 5 novembre prochain, il possède un retard sur Donald Trump et les deux se trouvent à égalité dans le septième.
Les sondeurs remarquent notamment les difficultés du candidat démocrate à reformer la coalition qui l’a porté au pouvoir en 2020. L’électorat afro-américain, les hommes chez les Latinos et les électeurs de moins de 40 ans montrent significativement moins d’enthousiasme qu’il y a quatre ans.
GAZA ET SES ERREURS MEURTRIÈRES
C’est connu : la poursuite et l’extension de l’offensive israélienne à Gaza impactent négativement la campagne de Joe Biden. L’appui inconditionnel qu’il exprime envers Israël, même après une bavure telle l’attaque d’un convoi de l’ONG américaine World Central Kitchen et la mort de sept travailleurs humanitaires, dont un américano-canadien, est de moins en moins compris et de plus en plus mal accepté.
Dans les États clés sur lesquels se sont penchés les sondeurs du Wall Street Journal, les écarts entre les candidats sont tellement minces qu’un peu trop de désaffection à l’égard de Biden et la victoire sera à oublier.
DES TROUBLES À LONG TERME
La campagne présidentielle de Joe Biden pourrait bien n’être qu’une victime marginale de cette guerre dévastatrice à Gaza. Le mois dernier, la communauté américaine du renseignement – 18 agences, des plus connues tels la CIA et le FBI aux moins familières comme les services de renseignement des Forces spatiales – a dévoilé son rapport annuel sur les menaces pesant sur les ÉtatsUnis.
On y retrouve les « bad guys » habituels : la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Interrogée toutefois par les membres d’une commission sénatoriale, Avril Haine, la directrice du renseignement national, s’est mise à décrire l’effet pernicieux et à long terme de la boucherie à Gaza.
« La crise a galvanisé la violence de la part de divers acteurs à travers le monde. Et même s’il est trop tôt pour le dire, il est probable que le conflit à Gaza aura un impact générationnel sur le terrorisme. » Même à plus petite échelle, a-t-elle relevé, « nous avons vu à quel point [le conflit] incite des individus à commettre des actes d’antisémitisme et de terrorisme islamophobe dans le monde entier ».
L’AVERTISSEMENT ÉTAIT LÀ
Joe Biden, pour son salut présidentiel, doit s’inquiéter des conséquences de son insuccès auprès du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Plus terrifiant encore, ses propres services de renseignement entrevoient des décennies de menaces terroristes inspirées par le sort lamentable réservé à la population palestinienne.
Trump n’est pas mieux que Biden et, pas plus que l’autre, n’exprime de volonté à revoir un soutien politique et militaire sulfureux à Israël dans son offensive. Elle finira tout de même un jour, cette guerre, mais nous aura plongés dans une nouvelle hantise terroriste. On nous aura prévenus.