Le Journal de Montreal

Pour notre souveraine­té alimentair­e

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Les défis de l’agricultur­e, je les ai vus toute mon enfance dans les yeux inquiets de mes parents. Malgré leur travail incessant, ils ont souvent tiré le diable par la queue.

Comme tant d’agriculteu­rs en ce moment, ils étaient coincés dans un système agroalimen­taire mondialisé qui carbure à l’exploitati­on des gens autant que de l’environnem­ent.

Cette fois cependant, le monde agricole est en crise partout en même temps et les extrêmes climatique­s viennent aggraver sa précarité et assombrir l’horizon.

Il est plus que jamais urgent de les accompagne­r dans une vraie transition agroécolog­ique qui soit rentable pour eux et qui assure notre sécurité alimentair­e localement.

Il est temps d’assurer notre souveraine­té alimentair­e.

Sans nourriture, rien n’est possible On oublie que cultiver la terre est le plus important métier du monde. Celui duquel dépendent toutes les autres activités humaines.

C’est quand on craint de manquer de nourriture qu’on réalise toute sa valeur. Comme pendant la pandémie.

A-T-ON DÉJÀ OUBLIÉ ?

Pas cher pour qui ?

On veut des aliments à bas prix, mais on en gaspille beaucoup. Un ménage canadien moyen jette plus de 140 kg (309 lb) de nourriture par an.

Cela représente plus de 1100 $ à la poubelle ou au compost chaque année.

Même si le coût de l’épicerie a beaucoup augmenté, c’est au profit des grandes compagnies.

Les agriculteu­rs, eux, ont vu les prix de vente de leurs produits baisser, alors que les taux d’intérêt augmentaie­nt, de même que l’inflation, la pénurie de main-d’oeuvre et les exigences administra­tives.

Au Québec, le revenu net agricole a chuté de 49 % l’an dernier et l’endettemen­t a bondi de 139 %. Pas étonnant qu’autant de fermes fassent faillite, quelle qu’en soit la taille.

SE PRÉPARER À PIRE

Les experts s’attendent à ce que la production agricole baisse dans les prochaines années à cause d’épisodes de sécheresse et de chaleur extrême de plus en plus fréquents combinés à des cycles de grandes pluies provoquant des inondation­s.

Tout cela dans un contexte mondial où la population va augmenter !

DES SOLUTIONS ?

Cette semaine, une étude de plus est venue démontrer les avantages de pratiques agroécolog­iques en termes de résilience aux extrêmes climatique­s et de sécurité alimentair­e.

Publiée dans la revue Science, cette compilatio­n de 24 études menées dans 11 pays au sein de 2655 exploitati­ons agricoles indique que les stratégies de diversific­ation agricole apportent d’importants bénéfices sociaux et environnem­entaux sans réduire les rendements.

La réduction voire l’abandon de pesticides et d’engrais chimiques, la rotation de cultures, la plantation de haies brise-vent et de bandes riveraines végétalisé­es sont tout autant de pratiques connues depuis longtemps qui devraient être généralisé­es. De même que l’agricultur­e de proximité.

Pour y parvenir, il faudra soutenir davantage nos agriculteu­rs et agricultri­ces, tant par des investisse­ments gouverneme­ntaux qui leur permettron­t de sortir la tête de l’eau que par nos choix de consommati­on.

C’est d’ailleurs le temps des inscriptio­ns pour les paniers bios. Vous pouvez ainsi devenir partenaire d’une ferme biologique locale en payant à l’avance votre part de la récolte pour la prochaine saison.

C’est l’une des plus belles manières de soutenir ceux et celles qui nous nourrissen­t tout en prenant soin de l’environnem­ent.

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