Le Journal de Montreal

Il achète dans un magasin qui n’existe pas

Les fraudeurs sont de plus en plus raffinés pour soutirer votre argent

- GABRIEL CÔTÉ

Un citoyen de Saint-Jérôme pensait faire un bon coup en payant 460 $ pour l’édition spéciale d’une console de jeux vidéo… mais le magasin avec lequel il croyait faire affaire n’existe pas et des escrocs se sont enfuis avec son argent.

« Je pensais faire un bon investisse­ment, je trouvais ça cool. Mais je n’ai pas été bright… », souffle Guillaume Morin en entrevue avec Le Journal.

Pendant plusieurs semaines, l’homme de 30 ans a mis de l’argent de côté pour s’acheter l’édition limitée de la PlayStatio­n 5 aux couleurs du jeu Spider-Man 2, une console qui se vend normalemen­t plus de 800 $.

En naviguant sur le marché aux puces de Facebook, Marketplac­e, il en a repéré une qui coûtait deux fois moins cher. Après quelques messages, son interlocut­eur, un certain « Antoine », l’a renvoyé à la boutique Dagenais électroniq­ue, située à Sherbrooke, pour conclure la transactio­n. C’était un vendredi. Au téléphone, on lui a dit qu’il pourrait recevoir la console « lundi ou mardi », après la réception du paiement Interac. Total : 460 $, taxes incluses. « Je ne l’ai jamais reçue. Quand je les ai appelés le lundi suivant, on m’a raccroché au nez », relate Guillaume.

L’ARNAQUE

Le trentenair­e avait été mis en confiance par le site web de l’entreprise, qui prétend tenir sa boutique dans un centre commercial à Sherbrooke, les Galeries Quatre-Saisons. Dagenais électroniq­ue a un site web très bien référencé sur Google qui affiche différents partenaire­s, comme le Panier bleu, PayPal, Rogers, Fido, Koodo, Telus, Bell et Virgin mobile.

Dans la section « à propos », on peut aussi lire que le détaillant est « votre fournisseu­r de confiance » et qu’il donne « le meilleur de lui-même ».

Un oeil attentif permet toutefois de remarquer que quelque chose ne tourne pas rond. Les liens cliquables du site (« en savoir plus », onglets de réseaux sociaux) renvoient tous à la page d’accueil, qui contient d’ailleurs plusieurs fautes grossières (« acceuil », « produit » au singulier, etc.).

Et vérificati­on faite, aucun magasin dénommé Dagenais électroniq­ue ne figure dans le bottin des Galeries Quatre-Saisons. « Quand on appelle au centre commercial, ils nous disent que ce magasin n’existe pas », explique Guillaume Morin.

ON EXISTE « ABSOLUMENT »

Pour éprouver les tactiques de l’arnaqueur, nous avons appelé au numéro de téléphone affiché sur le site web en faisant mine d’avoir besoin rapidement d’un nouveau cellulaire.

C’est une voix surprise, presque abasourdie, qui a répondu au bout du fil, en marquant un moment d’hésitation quand nous avons demandé si nous avions bien rejoint Dagenais électroniq­ue.

Après notre demande, l’homme au bout de la ligne nous a mis en attente pour vérifier le prix de l’appareil. « 180 $ pour un iPhone 12 de 128 go », a dit la voix. Ce téléphone se vend d’occasion à généraleme­nt plus de 350 $. Puis, quand nous avons demandé si c’était possible de passer au centre d’achat pour récupérer l’appareil le jour même, l’escroc a dit qu’il n’y avait « aucun problème ».

– Si je passe, vous allez être ouvert, n’estce pas?

– Oui, absolument, a-t-il dit, avant de mettre fin à l’appel.

Nous avons tenté en vain de rappeler au même numéro dans les heures qui ont suivi, mais nous avons été renvoyés à la boîte vocale.

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PHOTO COURTOISIE Guillaume Morin tient en main sa facture du faux magasin Dagenais Électroniq­ue, qui n’a pas pignon sur rue à Sherbrooke.

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