Le Journal de Montreal

La mauvaise année de Natacha l’envoie en faillite

La dernière année a été très difficile pour Natacha, 70 ans. Cette retraitée a pris soin de son conjoint atteint d’un cancer, malheureus­ement mort après plusieurs mois de traitement.

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« Nous savions que c’étaient nos derniers moments ensemble, aussi nous avons voulu en profiter un peu », se remémore Natacha. Il a aussi fallu payer les transports fréquents vers l’hôpital, ainsi que plusieurs autres frais.

En raison de leurs deux maigres pensions de retraite, la septuagéna­ire a décidé d’utiliser ses cartes de crédit pour voir aux dépenses. Elle a aussi contracté un prêt personnel.

Rapidement, les soldes impayés se sont accumulés sur les cartes de crédit de Natacha qui se retrouve aujourd’hui endettée de 7000 $, auquel s’ajoute un prêt personnel de 12 000 $. Son conjoint n’avait qu’un seul bien, une automobile entièremen­t payée d’une valeur de 5200 $, qu’il lui a laissée en héritage à son décès.

IMPOSSIBLE DE PAYER LES FACTURES

Avec des revenus de retraite de 1853 $ par mois, elle peine désormais à faire face à ses dépenses de base et ne parvient plus à effectuer les paiements minimums de ses cartes de crédit et de son prêt. Elle se sent seule face aux créanciers.

« J’ai traversé des moments très difficiles et il m’a fallu du temps avant de finalement prendre la décision de consulter un profession­nel pour mes problèmes financiers », confie-t-elle.

Bénédhitta Faleyras, conseillèr­e en redresseme­nt financier chez Raymond Chabot, a examiné le dossier de Natacha. Elle a conclu que dans sa situation, le meilleur choix était la faillite. « Compte tenu de son âge, opter pour la propositio­n de consommate­ur pour une durée de cinq ans aurait été un fardeau trop lourd. De plus, puisqu’elle est à la retraite, ses revenus ne vont pas augmenter au cours des prochains mois et les paiements mensuels à verser au syndic dans le cadre de la faillite vont par conséquent demeurer stables », ajoute-t-elle.

Rappelons que ces versements peuvent être revus à la hausse ou à la baisse si les revenus de la personne en faillite changent durant le processus.

DEUXIÈME FAILLITE

Puisqu’il s’agit de sa deuxième faillite, la septuagéna­ire devra toutefois attendre 24 mois avant d’en être libérée, au lieu de 9 mois comme c’est habituelle­ment le cas pour une première faillite.

Elle pourra heureuseme­nt conserver son véhicule. « Mais pour pouvoir le garder, elle devra en rembourser la valeur – soit 5200 $ – avec des paiements étalés sur 24 mois. Cela représente des montants mensuels de 217 $, en plus des frais reliés au processus de faillite », précise Bénédhitta Faleyras.

Natacha peut donc pousser un soupir de soulagemen­t et rembourser ses dettes en effectuant des versements qui lui permettron­t de respecter son budget. La conseillèr­e en redresseme­nt financier ajoute un dernier conseil. « La vie est faite d’imprévus : maladie, perte d’emploi, invalidité, etc. Si le couple avait détenu une assurance vie, le fardeau financier de Natacha aurait été moins lourd au décès de son conjoint », conclut-elle.

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