Le Journal de Montreal

Santé : vive la compétitio­n !

« Quand on se regarde, on se désole, mais quand on se compare, on se console », dit l’adage.

- Richard.martineau @quebecorme­dia.com

C’est peut-être vrai pour certaines choses.

Mais pour ce qui est du système de santé, c’est l’inverse.

Quand on se compare, on se décourage.

Pourquoi dans certains pays c’est facile d’avoir accès à des soins de santé gratuits (ou à peu de frais), alors qu’ici, c’est la croix et la bannière ?

Qu’est-ce que ces pays ont compris que nous ne comprenons pas ?

LEMOTENC

Vous avez lu le dossier passionnan­t que Le Journal a publié sur le système de santé à Taïwan ?

Là-bas, ça roule, ma poule.

Pas de tataouinag­e.

T’as besoin de voir un médecin ? T’en vois un.

Le temps d’attente dans les urgences des hôpitaux est de quelques minutes.

Vous avez bien lu : minutes. Et non heures.

Fou, non ?

Et comment les Taïwanais sont-ils arrivés à accomplir ce miracle ?

En embrassant un mot qui, au Québec, est considéré comme tabou, ignoble, toxique, nocif et épouvantab­le.

Un mot qui, lorsqu’on le prononce à voix haute, cause des crises d’épilepsie dans certains milieux.

Le mot en C. Compétitio­n.

À Taïwan, le financemen­t de chaque établissem­ent de santé varie selon le nombre de patients traités.

Plus tu traites de patients, plus tu vas recevoir d’argent du gouverneme­nt.

Et que font ces établissem­ents pour améliorer leur performanc­e (un autre mot épouvantab­le !) et traiter plus de patients ?

ILS OUVRENT LE SOIR ET LA FIN DE SEMAINE !

Plus longtemps ils sont ouverts, plus ils traitent de patients et plus ils reçoivent de l’argent !

Et plus ils reçoivent de l’argent, plus ils peuvent moderniser leur équipement, agrandir leurs locaux, embaucher du personnel... et traiter encore plus de patients !

C’est la loi Hygrade appliquée au système de santé !

Plus un établissem­ent traite de patients, plus les gens le fréquenten­t, plus les gens le fréquenten­t, plus il reçoit de l’argent et plus il peut traiter de patients !

Ça tombe sous le sens, non ?

La compétitio­n encourage les individus et les institutio­ns à se dépasser ! À s’améliorer ! À offrir de meilleurs services !

Savez-vous comment ça s’appelle ?

Non, pas « capitalism­e » (tous les établissem­ents de santé, là-bas, sont financés par le gouverneme­nt et la loi interdit de faire du profit avec la santé).

Ça s’appelle : « connaissan­ce de la nature humaine ».

Rien de pire que l’absence de compétitio­n pour encourager la stagnation.

UN SYSTÈME AXÉ SUR LES PATIENTS

Est-ce que cela oblige les médecins à travailler à un rythme plus rapide ? Oui.

Mais au moins, les citoyens peuvent voir un médecin ! Ils n’attendent pas

un an avant d’avoir une consultati­on !

Le système, là-bas, n’est pas axé sur les médecins, mais sur les patients !

Oui, mais si on les oblige à travailler trop vite, comme c’est le cas à Taïwan, nos médecins vont quitter leur poste !

Savez-vous combien il y a de médecins par tranche de 1000 habitants au Québec ? 2,5.

Et combien il y en a, à Taïwan ? 2,5. Le même ratio.

Des systèmes parfaits, ça n’existe pas. Mais des systèmes meilleurs que le nôtre, oui, il en existe.

Et on devrait s’en inspirer.

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Plus tu traites de patients, plus tu reçois de l’argent ! Simple, non ?

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