Le maire sermonne le directeur du Service de police de Laval
Les dispendieuses voitures de fonction ne sont pas l’image qu’il veut projeter
Le maire de Laval n’est pas à l’aise avec l’achat d’une voiture électrique à près de 100 000 $ et il a rencontré hier son chef de police pour remettre les pendules à l’heure.
« Ce matin, j’ai eu une bonne conversation avec le chef de police afin que cela ne se reproduise plus », a affirmé hier Stéphane Boyer en entrevue téléphonique.
Le maire réagissait pour la première fois à un reportage de notre Bureau d’enquête publié la semaine dernière, qui montrait que le Service de police de Laval (SPL) avait notamment dépensé plus de 1,5 M$ pour acheter 13 voitures électriques et 48 bornes de recharge.
« Ce n’est pas une image qu’on veut donner, je ne suis pas dépensier de nature », a assuré le maire.
Le directeur du SPL, Pierre Brochet, a conduit, pendant quatre mois, le plus cher des modèles achetés par la Ville, un Ford Mustang Mach-E GT qui a coûté 94 000 $ aux contribuables.
Pendant ce temps, depuis des mois, Laval demande plus d’argent au gouvernement Legault, notamment pour les opérations policières.
PAS JUSTE POUR LES CADRES
Pour le maire, ce n’est pas tant le prix d’achat qui pose problème, mais bien le fait que c’est M. Brochet qui a bénéficié du luxueux véhicule.
« Si on m’avait dit que [cette voiture] était pour le directeur de la police, les choses ne se seraient pas passées comme ça », a affirmé le maire Boyer.
Douze autres véhicules à 78 000 $ chacun ont aussi été acquis, et n’ont toujours pas été mis en circulation. Selon nos informations, ils devaient servir pour les cadres, mais Stéphane Boyer assure que cette orientation sera revue.
« Ces voitures doivent être pour l’ensemble du service, un point c’est tout », a-t-il martelé.
Le maire a rappelé que les coûteux véhicules, qui ne seront pas utilisés pour répondre aux appels d’urgence, avaient été acquis dans le cadre d’un plus large projet d’électrification de son administration. Il devrait être muni des gyrophares intérieurs, mais sans aucune autre configuration propre aux véhicules de patrouille.
Selon M. Boyer, ils ont coûté cher parce qu’il n’y avait pas beaucoup de voitures électriques disponibles dans les mois après la pandémie de COVID-19.
La Ville aurait-elle pu attendre un peu pour que les prix baissent? Le maire n’a pas voulu répondre directement à cette question.
MANQUE DE TRANSPARENCE
Hier, le parti d’opposition Action Laval a dénoncé que le maire n’ait pas répondu aux questions des médias à propos des voitures électriques depuis près d’une semaine.
« Son manque de transparence et d’imputabilité soulève de nombreuses questions », a affirmé dans un communiqué le chef par intérim du parti, Achille Cifelli. M. Cifelli a annoncé qu’il demanderait à la vérificatrice générale de la Ville de faire enquête sur ces achats, une proposition avec laquelle le maire Boyer s’est dit « tout à fait d’accord ».