Le Journal de Montreal

La peur de perdre un 3e référendum ne doit pas paralyser

Les êtres humains agissent souvent sur la base de réflexes conditionn­és.

- Joseph.facal@ quebecorme­dia.com

Quand survient une situation qui ressemble à une situation déjà vécue, on ressort la réponse utilisée la fois précédente.

On a du mal à voir que les circonstan­ces ont changé, que la situation présente est différente de la situation passée, même si elle y ressemble.

On a du mal à poser un regard neuf, à penser hors de la boîte, à remplacer le réflexe conditionn­é par une réflexion authentiqu­ement renouvelée.

JADIS

Mon propos ici ne s’adresse pas à ces Québécois qui ont inconditio­nnellement choisi le Canada pour toujours. Ceux-là sont perdus à jamais. Je m’adresse aux nationalis­tes hésitants et à ceux prêts à écouter réellement.

Le PQ dit qu’il tiendra un référendum sur la souveraine­té s’il est porté au pouvoir.

Il s’en trouve déjà pour dire: quoi, vous n’y pensez pas, une troisième défaite serait catastroph­ique!

Passons sur le fait qu’une défaite n’est pas du tout certaine (j’y reviendrai).

Ceux qui évoquent cette possible troisième défaite ont en tête les lendemains des défaites du OUI en 1980 et en 1995.

Il est exact que ces défaites placèrent le Québec en position de faiblesse et ouvrirent la porte à de puissantes offensives d’Ottawa.

Après 1980, Trudeau père imposa au Québec une nouvelle constituti­on qu’il n’a jamais signée mais qui s’applique quand même, et une charte des droits qui a servi de cheval de Troie pour contester nombre de lois québécoise­s.

Après 1995, Ottawa déclencha une offensive sans précédent d’envahissem­ent des champs de compétence du Québec, d’étrangleme­nt financier et de propagande, coiffée par une tentative pour réécrire unilatéral­ement les règles d’un prochain référendum.

C’est à tout cela que pensent ceux qui, ayant vécu ces épisodes, mettent en garde contre une troisième défaite.

Ils sont de bonne foi, mais ils ne voient pas que les circonstan­ces ont radicaleme­nt changé.

Jadis, le Québec avait davantage d’acquis précieux à protéger, il avait plus à perdre après une défaite.

En 1980, il pensait avoir un pouvoir de bloquer toute réforme du système fédéral contraire à ses intérêts.

Il craignait moins que les tribunaux fédéraux ne penchent toujours du même côté.

Avant 1995, il disposait d’une beaucoup plus large autonomie et les interventi­ons fédérales dans les champs de compétence du Québec, pour inacceptab­les qu’elles aient été, restaient plus rares.

Ceux qui évoquent cette possible 3e défaite ont en tête les lendemains des défaites du OUI en 1980 et en 1995.

SYSTÈME

Tout cela est derrière nous. Le contexte a radicaleme­nt changé.

Le Québec n’a plus guère d’acquis à protéger dès lors qu’Ottawa dit carrément qu’il se fout du partage des compétence­s et fera comme bon lui semble.

La politique canadienne d’immigratio­n, elle, vise la noyade pure et simple du fait français, et elle est en bonne voie d’y parvenir. Les chiffres sont affolants.

Ceux qui pensent que Poilievre ferait différemme­nt (j’y reviendrai aussi) ne l’ont pas écouté et sont aveuglés par leur compréhens­ible détestatio­n de Trudeau

Le problème, c’est le système, pas les individus.

Il reste donc quoi exactement à protéger? Qu’on m’explique.

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