Le Journal de Montreal

Quand Valérie Plante ment ouvertemen­t

- Mathieu Bock-Cote Sociologue, auteur et chroniqueu­r

Valérie Plante a lancé, malgré elle, une polémique sur les réseaux sociaux à propos de l’histoire de Montréal.

Célébrant la journée du tartan, elle en a profité pour affirmer que les Écossais seraient un des « peuples fondateurs de Montréal ». La formule est entrée dans le discours public depuis quelques années.

On parle aussi des Français, des Anglais, des Irlandais, et, depuis peu, des Amérindien­s comme des autres peuples fondateurs.

RÉÉCRITURE

Mais un mensonge souvent répété ne se transforme pas pour autant en vérité. C’est pourtant d’un mensonge qu’il s’agit.

Nous sommes témoins d’une falsificat­ion historique.

Revenons aux faits. Montréal a été fondé en 1642 par Paul de Chomedey de Maisonneuv­e. La ville deviendra le centre névralgiqu­e de la Nouvelle-France. Chose certaine, ce sont les Français qui fondent Montréal. Point final.

Alors d’où vient ce mensonge ? Au début des années 1830, quand Montréal se donne ses armoiries, elle mettra en valeur les origines des quatre communauté­s les plus importante­s de la ville : les Français, les Écossais, les Anglais et les Irlandais. Dans les années 1930, on fera de même.

Mais les communauté­s d’origines ne se confondent pas avec le peuple fondateur. Les mots ont un sens.

À ce compte-là, on ajoutera à cette liste de « peuples fondateurs » toutes les autres communauté­s qui se sont implantées à Montréal.

Nous sommes témoins ici d’une réécriture idéologiqu­e assez récente qui vise à séparer symbolique­ment et historique­ment Montréal du Québec, en la réinscriva­nt dans le grand récit du multicultu­ralisme canadien.

Est-ce que Valérie Plante ment par ignorance ? C’est possible.

MULTICULTU­RALISME

Ment-elle consciemme­nt ? Je n’ose le croire.

Ment-elle par automatism­e idéologiqu­e ? C’est probable.

La mairesse qui a déjà oublié de parler français dans un discours voit Montréal comme une cité-État davantage que comme la métropole québécoise. Ce qui ne change rien au fait qu’elle mente.

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