Le PLQ devra sortir des sentiers battus du « tout à l’économie »
En 2025, y aura-t-il enfin une vraie course à la chefferie au Parti libéral du Québec ? Coincé à 4 ou 5 % d’appuis chez les francophones, c’est bien la grâce divine qu’il doit se souhaiter.
L’intention évidente de Denis Coderre de tenter sa chance a clairement secoué les puces de nombreux libéraux. Inquiets à la seule pensée qu’il devienne un jour leur chef, les appels insistants se multiplient auprès d’autres candidats potentiels.
Qui sait ce que cette pêche obligée finira par attraper ? La seule certitude est que le PLQ n’aura pas le luxe d’un bête couronnement décervelé et encore moins d’un combat anachronique entre petits coqs narcissiques.
Brandir le soi-disant « épouvantail » de l’avance du PQ et de sa promesse à tenir un référendum ne suffira pas non plus.
Car s’il est vrai que ce parti a désespérément besoin de visibilité, depuis le passage catastrophique au pouvoir du duo Couillard-Barrette, les libéraux ont surtout besoin d’un sérieux débat d’idées. Oui, oui, d’idées.
Parce que le Québec va mal. Les futurs candidats à la chefferie libérale seront sages de s’en préoccuper bien avant que de se presser à ressortir leurs vieilles affiches du Non des boules à mites.
C’est pourquoi les libéraux seraient également sages d’élargir leur pêche au-delà du sempiternel lac familier du milieu des affaires.
ÉCHEC
Or, pour le moment, à part pour Denis Coderre, les seuls noms à circuler plus sérieusement en sont tous issus.
On parle de plus en plus de Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat et de Charles Milliard, président de la Fédération des chambres de commerce du Québec.
Deux bons communicateurs, ils feraient sûrement de bons candidats. Ils ont tous deux de belles feuilles de route dans leur milieu. C’est indéniable. Karl Blackburn est un pur produit du sérail libéral et un excellent organisateur.
Le problème est que l’époque des gouvernements affairistes change. Elle change parce qu’ils ont échoué dans le département, appelons-le, plus sociétal.
Nous sommes en effet maintenant — et pour un bail —, en situation de crises sociales multiples.
PLUSIEURS CRISES
Sans renier son ADN politique ni se prendre pour un clone absurde de Québec solidaire, le PLQ saura-t-il néanmoins se trouver une ou un chef capable non seulement de compter, mais de sortir en même temps des sentiers archibattus du « tout à l’économie » ?
Ce n’est pas le boulot qui lui manquerait. En bonne partie à cause de l’inaction des gouvernements, on est en pleine crise du logement et de l’itinérance.
La crise en santé mentale est aussi sans précédent. Et que dire de la crise endémique à la DPJ ? D’un réseau public de santé coûteux, mais détraqué ? D’un réseau scolaire de plus en plus inégalitaire ? D’une langue française de plus en plus précaire ?
Sans oublier le manque criant de soutien à domicile et de services à échelle humaine pour des milliers de Québécois plus vulnérables, dont nous ferons peut-être partie plus tôt qu’on le pense.
Qu’en diront les candidats à la chefferie libérale ? En plus de saliver devant telle ou telle « filière » d’affaires, que proposeront-ils de concret pour redresser le paquebot percé de la solidarité politique et sociale au Québec ?
À moins, bien sûr, que plus personne, au PLQ ou ailleurs, n’ose encore croire à la possibilité même de réussir un jour à le faire…