Envoyer une jeune mère en prison ?
Un juge de Longueuil doit décider si l’importante trafiquante mérite une peine à domicile ou non
Un juge aura la délicate tâche de déterminer si on envoie en détention une nouvelle maman pour son implication dans un vaste réseau de trafic de drogue, et ce, même si elle s’est depuis reprise en main.
« J’ai vu en détention les répercussions sur ceux qui consomment, j’étais entourée de personnes accros à la drogue, je me suis sentie mal de ça », a lancé hier Marjorie Briand, en implorant la clémence du tribunal.
La femme de 28 ans, qui a déjà plaidé coupable à de graves accusations de trafic et de possession de drogue en vue d’en faire le trafic, risque une longue peine de détention. La Couronne est d’avis qu’une sentence d’au moins quatre ans devrait être imposée.
Mais maman d’un enfant d’un an, elle espère pouvoir purger sa peine à la maison.
La femme avait été arrêtée en août 2022 lors du démantèlement d’un réseau criminel de contrebande de crack et de cocaïne.
À l’époque, elle était restée détenue, en dépit du fait qu’elle était enceinte de quelques semaines.
Mais elle avait rapidement plaidé coupable et avait pu bénéficier d’un répit en étant libérée juste à temps pour son accouchement.
PEINE À DOMICILE ACCESSIBLE
À ce moment, il était convenu entre les partis qu’elle devrait plus tard retourner en détention pour une longue période.
Mais depuis, un changement législatif qui abroge les peines minimales a été apporté à la loi. Ainsi, l’emprisonnement dans la collectivité, auparavant interdit pour ce genre d’infraction, est maintenant accessible.
Et pour la défense, une peine de détention de deux ans moins un jour à purger à domicile serait raisonnable, considérant le profil de sa cliente, qui s’est réhabilitée, occupe un emploi sérieux et présente un faible risque de récidive.
LE RÔLE DE MÈRE...
« Le rôle de la mère dans les premières années de la vie d’un enfant, il est crucial », a plaidé Me Dimitri Raymond.
Mais le ministère public n’était pas du même avis : une peine de détention ferme s’impose. Et elle doit être longue.
« Les circonstances sont profondément désolantes pour cet enfant qui sera privé de sa mère pendant une période importante », a admis d’emblée Me Vincent Huet.
Mais quel message serait envoyé si le crime organisé pouvait profiter du fait d’avoir une famille pour obtenir une peine clémente ? a-t-il questionné.
... ET SON RÔLE D’INTERMÉDIAIRE
Il a insisté sur le « haut degré de structure et de planification » de l’organisation dans laquelle Marjorie Briand a occupé un rôle clé pendant six mois.
C’est elle qui était en contact avec les revendeurs, qui récupérait l’argent, en plus de gérer la cache de drogue.
Les policiers avaient aussi retrouvé chez elle plus de 24 000 $, 19 grammes de crack et près de 10 grammes de cocaïne.
Et contrairement à d’autres trafiquants, elle n’a aucun problème de consommation.
« Malheureusement, par appât du gain, pour le luxe, elle a décidé d’asservir ses semblables aux prises avec une dépendance », a déploré Vincent Huet.
Le juge Marc-Antoine Carette devrait rendre la sentence à la fin de l’été.