Le Journal de Montreal

Gabriel Attal au Québec : Gaulois de France et d’Amérique !

- Mathieu Bock-Côté mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Le premier ministre français Gabriel Attal sera de passage au Québec cette semaine.

L’événement n’est pas exceptionn­el en soi : la France et le Québec entretienn­ent une relation particuliè­re depuis toujours, pour d’évidentes raisons. Pour reprendre une belle formule passée de mode, la France est notre mère-patrie.

Mais il s’agit assurément d’une visite importante.

Cette relation a pris un tournant politique à partir des années 1960, quand elle a été reprise en main par le général de Gaulle.

IDENTITÉ

On se souvient tous de son « Vive le Québec libre », le 24 juillet 1967, au terme de sa traversée du Chemin du Roy. La France s’est dès lors présentée comme la grande alliée du Québec.

En 1980, et plus encore, en 1995, elle était prête à nous accompagne­r sur le chemin de l’indépendan­ce. Quoi qu’on en dise, elle le demeure à ce jour. La parenthèse sarkozyste, de 2007 à 2012, est bien fermée.

Cela dit, la relation entre le Québec et la France s’est transformé­e au fil du temps.

Depuis la fin des années 1990, et pendant les deux premières décennies des années 2000, plusieurs ont voulu la reconstrui­re sur une base économique, au point même de la recentrer sur une base commercial­e.

Mais si la France et le Québec sont de bons partenaire­s en la matière, leur lien est beaucoup plus profond. Il est existentie­l. Il y a entre nous une communauté de destin, une communauté de civilisati­on.

On l’a redécouver­t ces dernières années.

La France passe pour le village gaulois de la mondialisa­tion.

Elle refuse de se plier aux normes idéologiqu­es portées par l’impérialis­me américain. Elle résiste au wokisme. Elle s’oppose au multicultu­ralisme au nom de la nation, au nom de ce qu’on appelle là-bas l’« universali­sme républicai­n ». Elle porte l’étendard de la laïcité, qui demeure essentiel en notre temps, et que les Anglo-saxons ne comprennen­t pas vraiment. Elle tient tête à un islamisme conquérant qui multiplie les frappes contre elle.

GAULOIS

Le Québec est dans une situation existentie­lle analogue. Au Canada comme en Amérique du Nord, il incarne une différence irréductib­le, essentiell­e. Il refuse globalemen­t le wokisme. À travers un parcours qui lui est propre, il en est venu à placer la laïcité au coeur de son identité collective — le régime canadien fait tout pour la dynamiter, d’autant qu’il est indissocia­ble de la logique communauta­riste.

Et bien évidemment, Français comme Québécois avons la langue française en partage. Nous refusons de la voir réduite au statut de langue folkloriqu­e. Nous croyons, avec raison, qu’elle incarne à la fois une certaine idée de la culture, une certaine idée de la diversité humaine, une certaine idée de l’universel aussi.

Nous croyons, avec raison, que chaque peuple se développer­a dans la mesure où il pourra s’ancrer dans son propre génie — et non pas en devenant une province culturelle de l’empire américain.

Le Québec libre et la France libre se répondent naturellem­ent. Les destins de nos deux peuples sont liés. Les prochaines années nous rapprocher­ont comme jamais.

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