Le Journal de Montreal

Justin Trudeau, la ministre et les gens qui ne baisent pas

Vous pensiez que le gouverneme­nt Trudeau vivait dans un monde de licornes et d’arcs-en-ciel, déconnecté de la réalité des Canadiens qui en arrachent au quotidien ? Vous n’avez encore rien vu!

- Sophie.durocher@quebecorme­dia.com

Le 6 avril, notre ministre du Patrimoine Pascale St-Onge a tenu à sensibilis­er tous les citoyens canadiens à une cause qui lui tient à coeur. Les négociatio­ns avec Meta ? Le mandat de Radio-Canada ? La crise des médias ?

Non ! Les droits des gens qui n’ont pas de vie sexuelle. Parce que c’était la journée mondiale de l’asexualité.

« Une personne asexuelle n’a pas la volonté ou le besoin d’avoir un rapport sexuel avec une autre personne ».

Et ce n’était pas un poisson d’avril...

LA JOURNÉE MONDIALE DES ULTRAMINOR­ITÉS

Le 6 avril, la ministre fédérale (qui est tout de même responsabl­e de la culture et des arts et des communicat­ions dans ce pays) a écrit sur X (Twitter) : « Pour la Journée mondiale de l’asexualité, engageons-nous à lutter pour des communauté­s plus inclusives et plus respectueu­ses ». Cent vingt-deux mille personnes ont réagi à son tweet. Et je n’ai lu aucun commentair­e positif !

« À quand la journée mondiale de ceux qui ne sont pas intéressés par les journées mondiales ? ». « C’est quand la journée des hommes blancs qui travaillen­t 50hrs/ sem pour payer tout ça ? »

Le gazouillis de la ministre du Patrimoine était accompagné d’un émoji d’arc-enciel, évidemment !

Mais il incluait aussi ceci : « Saviez-vous que l’asexualité englobe un large éventail d’orientatio­ns sexuelles et romantique­s ? Aujourd’hui, la communauté asexuelle est à l’honneur. Nous vous invitons à en savoir plus sur cette sexualité souvent mal comprise : https://ow.ly/ n7I050R9GQ­R [en anglais seulement]. »

Misère ! La ministre nous envoie vers un lien « en anglais seulement » ? Et que trouve-t-on dans ce lien in English only ?

Le lien mène à Aces & Aros, un organisme qui promeut les communauté­s Aces (asexuels) et Aros (diminutif d’aromantiqu­e). De kessé ? Aromantiqu­e, c’est l’absence d’attirance romantique pour une autre personne, peu importe son sexe ou son genre.

L’organisme Aces & Aros, adoubé par la ministre StOnge, publie entre autres un guide à l’intention des écoles secondaire­s. Le descriptif est en anglais, je l’ai traduit : « Ce guide fournit aux éducateurs, aux conseiller­s d’orientatio­n, aux administra­teurs et aux leaders étudiants des outils et des connaissan­ces pour créer des environnem­ents inclusifs pour les élèves asexuels dans leurs écoles et leurs communauté­s. Le livre présente une introducti­on complète au spectre asexuel, des questions de réflexion pour aider les lecteurs à remettre en question les hypothèses préconçues et des instructio­ns étape par étape pour soutenir les étudiants asexuels et leur fournir des safe spaces, des espaces plus sûrs ».

PAS MON GENRE

Je me pose quelques questions...

En quoi est-ce le rôle de la ministre du Patrimoine de célébrer des safe spaces pour des êtres asexués dans les écoles ?

À quand la Journée mondiale des gens qui font ça l’après-midi, de ceux qui ne le font que les années bissextile­s et surtout, surtout, de ceux qui ne le font que lors d’une éclipse solaire totale ?

Et je me demande aussi : les gens qui sont asexués, comment ils réagissent quand ils se font fourrer par le gouverneme­nt ?

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