Le Journal de Montreal

Notre présent est précurseur de notre avenir

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J’ai pigé un mauvais numéro à la loterie de la vie. Deuxième d’une famille de trois, j’ai hérité des tares de nos parents, quand mon frère et ma soeur s’en tirent juste avec du bon. À 44 ans, je n’en peux plus de me battre avec le diabète, l’obésité et les problèmes de vision. Je n’ai jamais eu de conjointe à long terme et pas un enfant n’est né de mes unions.

Alors quand j’entends tout le monde citer la phrase que j’ai mise en tête de ma lettre, pas besoin de vous dire que ça me fait c…r ! Comment voulez-vous que mon présent soit agréable quand les gens qui m’ont mis au monde ne m’ont transmis que le pire d’eux-mêmes ?

Comment voulez-vous que je me sente apprécié quand je n’ai rien, à part mon habileté à régler les petits problèmes techniques du quotidien de mes parents ? Qu’est-ce que j’ai à offrir ? Un gros RIEN ! Pour tout le monde autour de moi, je suis « un bon Jack », point à la ligne !

Comme le chante si bien Lisa Leblanc, « La vie, c’est d’la marde ! », et la mienne, c’est juste ça qu’elle me renvoie. Comment voulez-vous qu’après ça, je fasse le moindre effort pour me prendre en main ? Chaque fois que je suis sur le bord de le faire, y’a une petite voix qui me répète « tu fais ça pour rien, t’es fini d’avance ! »

Alors quand j’entends nos grands connaisseu­rs de la santé me dire que si je continue de fumer comme je le fais, je me prépare un avenir de merde, alors que je le fais pour ne pas prendre trop de poids, vous comprendre­z que je ne les écoute pas pantoute !

Un homme écoeuré de se faire donner des leçons

Je soupçonne que vous n’allez pas m’écouter. Mais je me permets quand même de vous dire qu’à force de vous murer dans le refus d’accepter que lorsqu’on a hérité d’une génétique problémati­que, l’objectif premier à poursuivre, c’est de redoubler de vigilance pour améliorer son état, sinon c’est vous qui allez en subir dans votre corps les funestes conséquenc­es.

Je suis pleinement d’accord avec le fait que les bienfaits n’ont pas été distribués également sur cette terre. Mais une fois qu’on a pris conscience de cette réalité, il reste quand même des gestes à poser pour améliorer son sort personnel, afin de ne pas accorder toute la place à l’injustice première qu’on a subie. Car dans ce cas, ne pensez-vous pas qu’on s’ajoute soimême une injustice supplément­aire ?

Pensée du jour

Pour moi, la guérison, c’est l’acceptatio­n de la douleur.

– Meryam Joobeur

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