Le Journal de Montreal

Pour un référendum sur l’immigratio­n, mais un référendum sérieux, M. Legault

François Legault veut faire comprendre à Ottawa qu’il en a marre.

- Mathieu Bock-Côté mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Il a ainsi affirmé, en début de semaine, qu’il n’excluait pas de tenir un référendum sur l’immigratio­n, si le gouverneme­nt fédéral s’entête à ne pas accorder au Québec les pouvoirs qu’il demande en la matière.

François Legault a raison de sortir cette flèche politique de son carquois. Il envoie le signal qu’il ne se contentera pas du traditionn­el Non fédéral.

Très bien. L’immigratio­n massive, qui ne date pas d’hier et qui déstabilis­e en profondeur la société québécoise, est une question existentie­lle pour notre peuple, qui est en voie de minorisati­on accélérée.

OUI !

Mais François Legault ne doit pas se contenter d’un référendum d’amateur. C’est-à-dire qu’il doit développer une stratégie d’ensemble.

Imaginons que le référendum porte sur le rapatrieme­nt de l’ensemble des pouvoirs en immigratio­n à Québec, et que le Oui l’emporte à 65 %, peut-être davantage. C’est un scénario tout à fait envisageab­le.

Imaginons maintenant qu’Ottawa, sans surprise, se contente d’offrir une fin de non-recevoir à Québec, quitte à enrober le tout dans quelques politesses, quitte à se permettre aussi des concession­s mineures. Que fera Québec alors ? Il ne peut pas se contenter de se coucher : il y a des limites à consentir à sa propre humiliatio­n. Alors quoi ?

Dans un monde normal, il en tirerait une conclusion simple : puisque le Canada est irréformab­le même quand une très grande majorité de Québécois l’exige, mieux vaut en sortir.

François Legault ferait alors le choix de l’indépendan­ce. Mais il ne peut pas, car il est enfermé dans une coalition qui lui interdit cette option – du moins le croit-il.

Une autre option s’offrirait toutefois à lui : il pourrait organiser une nouvelle Commission Bélanger-Campeau, comme celle du début des années 1990, après l’échec de Meech.

Il s’agirait d’une commission sur l’avenir politique du Québec, à la lumière de l’époque nouvelle dans laquelle il est plongé. Ce grand débat permettrai­t à la société québécoise dans son ensemble de réfléchir à son avenir, de s’y projeter à partir de plusieurs avenirs possibles.

Elle poserait évidemment en son centre la question du rapport Canada-Québec. Le Québec se remettrait alors en mouvement.

INSULTEURS

Certes, on trouvera dans ce débat les insulteurs habituels. Il suffit de s’intéresser au discours de la très mal nommée Ligue des droits et libertés pour s’en convaincre. Cette dernière vient d’accuser la loi 21 de racisme. Cette accusation délirante ne mérite pas qu’on y réponde autrement que par le mépris. Ceux qui la portent sont les trudeauist­es d’aujourd’hui.

Mais j’en reviens à l’essentiel : le Québec des années 2020 ressemble de plus en plus au Québec des années 1990.

Tout le monde sent qu’il se passe quelque chose, que la question nationale redevient le coeur de la vie politique, même si elle prend forme autrement. Pour emprunter la formule de Toynbee, l’histoire est de nouveau en marche.

Il était temps.

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