Un fermier agresseur pourrait payer cher ces vies brisées
Une des jeunes victimes demande plus de 1 million de dollars en dommages
Déjà condamné à 14 années de pénitencier pour des agressions sexuelles sur de jeunes garçons, un agriculteur de la Montérégie est maintenant poursuivi par une de ses victimes qui lui réclame 1,3 M$ en dommages.
« Les gestes de Kenneth Marlin ont détruit l’enfance du plaignant, sa vie a été marquée à jamais après avoir été molesté », peut-on lire dans la poursuite civile rendue publique hier au palais de justice de Montréal.
Marlin, 65 ans, pourrait donc devoir payer cher pour ses crimes commis dans les années 1980 sur la ferme familiale. À l’époque, le pédophile attirait de jeunes garçons sur les terres de ses parents et se liait d’amitié avec eux. Et une fois leur confiance gagnée à titre de figure paternelle ou de grand frère, il se servait d’eux.
« L’accusé abusait de chaque victime dès qu’il le pouvait et où il le pouvait », avait résumé le juge Joey Dubois en condamnant Marlin à 14 ans de pénitencier, en décembre dernier.
GESTES RÉPÉTÉS
Dans le cas de la victime qui a intenté la poursuite civile, le document de cour explique que les abus ont duré cinq années, soit quand le jeune avait entre 11 et 16 ans.
« La première agression sexuelle est survenue pendant qu’il empilait des bottes de foin dans une grange, peut-on lire dans la poursuite civile. Ce fut le début d’une longue période d’abus. »
Les contacts sexuels se seraient reproduits plusieurs fois par semaine, un peu partout sur la ferme et parfois alors que Marlin et l’enfant se trouvaient dans un camion. Et vu le ton directif du pédophile, le jeune n’osait rien dire, se soumettant aux désirs tordus de l’agresseur.
Une fois adolescent, le jeune a finalement réussi à couper les ponts, et à « enfouir cette expérience au fond de lui ». Ce n’est qu’en 2022 qu’il a brisé le silence, en compagnie d’autres victimes de Marlin.
Sauf qu’en plus de sa plainte qui a mené à la condamnation criminelle, la victime a décidé d’intenter une poursuite civile, afin d’obtenir une réparation financière pour les crimes qu’il a subis. C’est qu’après les abus, le plaignant dit avoir développé énormément de « haine et de tristesse » qui ont gâché sa vie.
« Pendant plus de 10 ans, il refusait de parler à quiconque, indique
Me Maryse Lapointe dans le document de cour. Quand il voyait des histoires d’abus d’enfants aux nouvelles, il empirait sa dépression. Ç’a éteint la petite lumière en lui, il a l’impression d’avoir perdu les meilleures années de sa vie. »
Ainsi, il estime que Marlin devrait lui verser 700 000 $ en dommages moraux, 125 000 $ en dommages matériels et un demi-million en dommages punitifs. Et en cas de condamnation, afin d’être certain que Marlin ne tente pas de s’en sortir, il demande que le montant soit payable « même si Kenneth Marlin déclare faillite ».
À moins d’un règlement à l’amiable, l’affaire sera prochainement présentée devant un juge de la Cour supérieure du Québec.