Le Journal de Montreal

Pierre Poilievre est un génie

Le chef du Parti conservate­ur est un génie des communicat­ions.

- Animateur et analyste politique

Il a réussi à convaincre une grande partie de la population que la taxe carbone est un des principaux facteurs qui nourrit l’inflation.

Et qu’en l’abolissant, le répit sera important.

Il a même réussi à convaincre des Québécois, qui ne payent pas cette taxe carbone, qu’elle leur coûte cher !

Sans ironie, c’est tout un exploit. Surtout que selon le directeur parlementa­ire du budget, 8 Canadiens sur 10 qui payent cette taxe reçoivent plus en retour du gouverneme­nt.

Et que les changement­s climatique­s (sécheresse, gel hâtif, inondation) ont des effets bien plus grands sur les récoltes !

LA CASSETTE

Il est d’une grande efficacité ! Je l’écoutais encore cette semaine en entrevue. Ses solutions à la crise du logement, la crise climatique, les finances publiques en mauvais état : le gros bon sens.

Il ne dévie jamais. La même cassette. Quand un politicien est vraiment tanné de se répéter, c’est là que le public commence enfin à l’entendre, dit l’adage à Ottawa.

Pierre Poilievre en est maître. Même lors de la mort de Brian Mulroney, il a trouvé le moyen de parler de son gros bon sens.

Il s’en sort au Québec aussi. Sur les demandes du gouverneme­nt Legault d’obtenir plus de pouvoirs en immigratio­n, il ne s’est pas vraiment mouillé. Sur les cibles, elles seront liées à la constructi­on de logements… mais vont-elles baisser ? Augmenter ?

Ce seront des politiques basées sur le gros bon sens. Et comme le gros bon sens varie d’un électeur à l’autre, il marque des points !

UN DÉFI À VENIR

Justin Trudeau est dans les câbles, son gouverneme­nt est très usé.

Ça sentait le périmé à Ottawa depuis quelque temps, mais au cours des dernières semaines, le chef libéral a montré qu’il veut encore se battre !

M. Trudeau compte sur sa pléthore d’annonces prébudgéta­ires pour recadrer le débat.

Il veut forcer Pierre Poilievre à se prononcer sur les choix qu’il fera pour rééquilibr­er son budget.

Déjà, on voit que son gros bon sens pourrait se traduire par des mesures d’austérité !

Le défi du chef conservate­ur est énorme. Le mot austérité fait peur. Le mandat de Philippe Couillard n’est pas très loin dans la mémoire au Québec.

Les compressio­ns de Stephen Harper en science et culture non plus.

Il peut réussir avec l’équilibre budgétaire le même coup qu’il a accompli avec la taxe carbone. C’est-à-dire se faire élire en promettant d’éliminer des programmes qui plaisent à une majorité d’électeurs.

Il reste un an et demi avant la prochaine élection.

D’ici là, les taux d’intérêt ont le temps de baisser, on voit déjà l’inflation au Canada ralentir.

Les électeurs vont aussi commencer à s’habituer aux nouveaux programmes : assurance dentaire, médicament­s, rabais en garderie…

Les priorités risquent aussi de changer. Les bouleverse­ments climatique­s ont le temps de redevenir une grande préoccupat­ion.

Si malgré tout ça il devait gagner, ce serait un coup de maître.

 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada