Du droit à la nationalité française des Québécois
Née au Québec où j’ai fait ma vie, il n’en reste pas moins que depuis ma tendre enfance, il y a une partie de ma vie intellectuelle, affective, culturelle, qui se passe en France. Parce que née à une époque où la culture québécoise (littérature et musique) était beaucoup moins abondante qu’aujourd’hui, ma pensée, mon imaginaire ont été forgés au contact de la culture française. Très petite, pour dire vrai, je me croyais Française, jusqu’à ce qu’à l’école et dans mon entourage, on me détrompe. Mon imaginaire était déjà peuplé des endroits, des références culturelles de France.
Ce lien était aussi présent dans les chansons léguées par nos ancêtres français qui ont accompagné notre histoire sur ce continent, contribuant à faire durer une culture que nous avons continué à transmettre à nos enfants. Il en fut pareil avec la grande chanson française contemporaine qui continue à nous lier à l’Hexagone.
Autre facteur « aggravant » dans mon cas : mes parents m’ont fait fréquenter le cours classique axé sur la civilisation gréco-latine, l’histoire de France, sa littérature, ses grands auteurs, ce qui a approfondi mon ancrage dans cette culture.
Ma culture est française. Lorsque dans la jeune vingtaine, mes pas m’ont pour la première fois portée vers ce pays qui m’habitait, mon émotion fut grande. Quand, dans les années 1985-86, j’ai entendu le docteur François Lubrina, député des Français de l’étranger, dire que la nationalité française devrait nous être reconnue, j’ai trouvé cela si naturel, que mon conjoint et moi avons spontanément signé sa pétition à cet effet.
Par ailleurs, les historiens disaient que la porte était fermée à jamais, puisqu’invités à retourner en France au moment du traité de Paris, les Français ayant décidé de demeurer sur le continent étaient réputés avoir renoncé à la nationalité française.
Depuis, la réclamation a rebondi dans une controverse que j’ai suivie, sans que ma passion pour la France ne s’émousse. Ce qui m’a amenée à militer pour des organismes mettant la langue française au coeur de leur mission, en plus de m’engager pour l’Association Québec-France-Montérégie.
Dernièrement, l’avancement des recherches en histoire du droit du docteur Édouard Baraton est venu renverser l’argument opposé jusqu’ici par les autorités françaises : en 1763, ni le gouvernement royal ni ses successeurs n’ont prétendu nous priver de nos droits naturels.
Alors je demande humblement aux autorités françaises de me reconnaître ce droit à la réintégration dans la nationalité française héritée de mes ancêtres en vertu de l’article 21-24 du Code civil français, et dont moi, ainsi que tous les membres de mon ascendance patrilinéaire avons été privés sur la base d’interprétations juridiques erronées.
Je vous sais sensible à la cause Louise et j’espère que vous publierez ma demande à l’État français. Mon dossier est à l’étude depuis son dépôt en janvier 2024. J’espère ardemment que la réponse sera positive.
Suzanne Lachance, Longueuil
Oui je suis sensible à votre cause, car à l’époque, j’avais également signé la pétition du docteur Lubrina. Comme le premier ministre français Gabriel Atal est en visite au Canada et au Québec depuis hier, souhaitons qu’il daigne vous entendre.