DES BALLES QUI VOYAGERONT MOINS
AUGUSTA | La nouvelle avait fait grand bruit en décembre dernier quand l’Association de golf des États-Unis (USGA) et le Royal and Ancient d’Écosse (R&A) avaient annoncé que la balle de golf aurait à franchir de plus courtes distances dès 2028. Voulant ralentir la progression technologique, c’est maintenant au tour d’une autre voix puissante de rejoindre les grands ténors de l’univers golfique : le Augusta National.
« Ajouter de la distance au parcours est devenu une opération normale chaque année depuis deux décennies. Durant près de 70 ans, le Masters était joué à 6900 verges. Aujourd’hui, il est joué sur 7555 verges », a expliqué le grand patron, Fred S. Ridley, dans sa traditionnelle conférence de presse réunissant aussi une vingtaine de ses membres au veston vert dans la salle.
Cette année, le parcours a gagné 10 verges alors que le tertre de la normale 5 du deuxième fanion a été reculé. Elle atteint maintenant 585 verges. Depuis 20 ans, le parcours a été allongé de plus de 600 verges. À fort prix, car la direction a acheté des parcelles de terre autour de sa propriété.
JUSQU’À 7600 VERGES
« On va même probablement jouer l’une des rondes à 7600 verges cette semaine. J’ai déjà dit dans le passé que je ne souhaite pas que le Masters soit disputé sur 8000 verges, a réitéré Ridley. C’est ce qui arriverait dans un futur pas si lointain sous l’évolution de la technologie et des normes présentement. »
« C’est pourquoi nous supportons la décision de la USGA et du R&A de s’attaquer à l’impact de la distance à tous les niveaux du jeu. »
Ridley espère que les circuits professionnels, campés sur leur position de ne pas freiner la technologie, décident de coopérer. Selon lui, ça ne ferait qu’ajouter du stress au sport qui n’en a vraiment pas besoin en ce moment compte tenu de la fracture chez les pros.
« Si l’on évalue une perte de distance de 5 %, cela signifie qu’un golfeur frappant 320 verges perdrait environ 16 verges sur sa frappe. On ne fait qu’allonger les parcours depuis des années. Chaque fois, on dit que c’est plus long. Mais après deux ou trois ans, ce n’est plus le cas. »
LIMITE ÉCARLATE
Ridley estime qu’il pourrait encore ajouter des verges à son chef-d’oeuvre de parcours en fixant la véritable ligne rouge écarlate à 8000 verges si rien n’est adopté.
L’Augusta National peut toujours se défendre grâce à ses subtilités et ses verts démoniaques. Au souper des champions mardi soir, Dustin Johnson a plaisanté en lui disant que son record de 2020 est en sûreté puisque les conditions de jeu sont de plus en plus difficiles. Il avait alors retranché 20 coups à la normale pour remporter l’édition automnale sur un parcours tendre.
DIFFÉRENT DES AUTRES
Le patron du ANGC a aussi exprimé le souhait que les meilleurs golfeurs au monde jouent plus souvent ensemble qu’aux quatre championnats du Grand Chelem chaque année. Cela n’aide pas le sport qui souffre.
En raison d’un classement mondial faussé depuis l’arrivée du controversé circuit LIV Golf, son comité de compétition a offert trois invitations cette année, dont l’une au meneur du classement de LIV, Joaquin Niemann.
Ridley estime que le classement monlégitime dial reste un baromètre pour sélectionner et laisser entrer les joueurs dans les plus grands championnats au monde. Pour le Masters, c’est toutefois différent.
« Nous sommes un tournoi par invitation. Nous pouvons nous ajuster », a-t-il dit en donnant l’exemple de Niemann qui a mérité la sienne à plusieurs égards, peu importe le circuit sur lequel il évolue.
« Cela ne nous empêche pas de donner une considération subjective basée sur le talent et la performance, a-t-il ajouté à propos de son pouvoir discrétionnaire. Notre objectif est d’avoir le meilleur plateau du golf et les meilleurs joueurs au monde. Mais nous n’avons jamais réuni tous les meilleurs au monde en raison de notre structure. »
« C’est une invitation, un plateau limité et plus petit que les autres tournois », a-t-il rappelé alors que le plateau de
2024 est composé de 87 golfeurs, dont des champions plus âgés.
« Nous avons une tradition d’honorer nos champions alors qu’ils ne seraient pas en mesure de se qualifier pour un omnium ouvert. Ils ajoutent beaucoup à ce tournoi. »