Une patate chaude
Eric Girard a visiblement pris le contre-pied du Canadien. À 20 h 30 hier soir, la direction de l’équipe n’avait pas encore réagi à la suggestion du ministre des Nordiques lui demandant d’aller disputer des matchs de saison régulière à Québec. La nouvelle roulait depuis 13 h 00.
M. Girard a dit avoir discuté de la question avec le Canadien ainsi qu’avec Gary Bettman lors de sa visite au bureau new-yorkais de la Ligue nationale, la semaine dernière. Mais il y a lieu de penser que les deux parties n’ont pas aimé qu’il en parle sur la place publique.
Les confidences de celui qu’on surnomme « le ministre des Nordiques » sont une grosse patate chaude pour l’organisation du Canadien. Un refus reviendrait à dire qu’elle s’oppose à la venue d’une nouvelle équipe de la LNH aux yeux de ceux qui soutiennent cette théorie. Chose que le propriétaire et chef de direction du Groupe CH a toujours réfutée. S’il accepte, on le dira bon joueur.
Connaissant Bettman, il doit être dans tous ses états. Le commissaire de la LNH déteste que des conversations privées soient étalées sur la place publique. Les équipes ont intérêt à marcher au doigt et à l’oeil sous sa gouverne.
Tout passe par lui. Les contrevenants en paient le prix.
SORTEZ LE CHÈQUE !
Qu’on se dise bien toutefois que la présentation de matchs réguliers du Canadien au Colisée Vidéotron n’ouvrirait pas automatiquement les portes de la Ligue nationale de hockey à la capitale nationale.
Comme je l’écrivais dernièrement, le temps n’est plus aux courbettes. Pour que la LNH étudie sérieusement une candidature de Québec, il faudra des gestes concrets de la part de Québecor et des autres entreprises intéressées par l’idée d’investir dans le projet. Le groupe devra faire la démonstration de sa capacité financière et user d’une très grande persuasion. Car répondre aux exigences financières de la ligue ne suffira pas.
C’est le maire de Québec, Bruno Marchand, qui disait dernièrement ne pas avoir le sentiment que la LNH souhaite retourner dans sa ville. Difficile de le contredire.
À l’époque de Régis Labeaume, un tel commentaire aurait soulevé un tollé sur les plaines d’Abraham, mais plus aujourd’hui. Les amateurs québécois ont subi tellement de déceptions au fil du temps qu’ils se disent : « Tant mieux si ça arrive, sinon tant pis ».
La LNH tient un agenda qui n’a rien à voir avec les désirs des amateurs. Pour elle, Québec est un petit marché qui apporterait peu à la grosse machine. Ce qui l’attire, ce sont les marchés de télévision des gros centres américains.
COMME LES EXPOS
Ce dossier est en quelque sorte un copier-coller de la saga du retour des Expos. Les amateurs de baseball ont embarqué au premier signe que le projet pouvait être mené à terme. Sauf que contrairement à Bettman, son vis-à-vis de la Ligue majeure de baseball, Rob Manfred, a dit souhaiter le retour d’une équipe à Montréal.
Les Blue Jays de Toronto sont venus pendant quelques années disputer deux matchs au Stade olympique pour conclure leur camp d’entraînement. Au début les gradins étaient bondés. Une année, ils étaient près de 100 000 spectateurs pour les deux rencontres.
Mais ça prenait un nouveau stade, un vrai stade de baseball des temps modernes. À partir de ce moment, les politiciens se sont faits tout petits. Puis le projet d’une garde partagée avec les Rays de Tampa Bay est venu foutre le projet en l’air.
Québec possède l’amphithéâtre et les bailleurs de fonds, semble-t-il, mais attend encore. De toute évidence, seul un revirement inattendu lui permettrait de réintégrer la LNH.