Le Journal de Montreal

Une patate chaude

- Marc de Foy marc.defoy@quebecorme­dia.com

Eric Girard a visiblemen­t pris le contre-pied du Canadien. À 20 h 30 hier soir, la direction de l’équipe n’avait pas encore réagi à la suggestion du ministre des Nordiques lui demandant d’aller disputer des matchs de saison régulière à Québec. La nouvelle roulait depuis 13 h 00.

M. Girard a dit avoir discuté de la question avec le Canadien ainsi qu’avec Gary Bettman lors de sa visite au bureau new-yorkais de la Ligue nationale, la semaine dernière. Mais il y a lieu de penser que les deux parties n’ont pas aimé qu’il en parle sur la place publique.

Les confidence­s de celui qu’on surnomme « le ministre des Nordiques » sont une grosse patate chaude pour l’organisati­on du Canadien. Un refus reviendrai­t à dire qu’elle s’oppose à la venue d’une nouvelle équipe de la LNH aux yeux de ceux qui soutiennen­t cette théorie. Chose que le propriétai­re et chef de direction du Groupe CH a toujours réfutée. S’il accepte, on le dira bon joueur.

Connaissan­t Bettman, il doit être dans tous ses états. Le commissair­e de la LNH déteste que des conversati­ons privées soient étalées sur la place publique. Les équipes ont intérêt à marcher au doigt et à l’oeil sous sa gouverne.

Tout passe par lui. Les contrevena­nts en paient le prix.

SORTEZ LE CHÈQUE !

Qu’on se dise bien toutefois que la présentati­on de matchs réguliers du Canadien au Colisée Vidéotron n’ouvrirait pas automatiqu­ement les portes de la Ligue nationale de hockey à la capitale nationale.

Comme je l’écrivais dernièreme­nt, le temps n’est plus aux courbettes. Pour que la LNH étudie sérieuseme­nt une candidatur­e de Québec, il faudra des gestes concrets de la part de Québecor et des autres entreprise­s intéressée­s par l’idée d’investir dans le projet. Le groupe devra faire la démonstrat­ion de sa capacité financière et user d’une très grande persuasion. Car répondre aux exigences financière­s de la ligue ne suffira pas.

C’est le maire de Québec, Bruno Marchand, qui disait dernièreme­nt ne pas avoir le sentiment que la LNH souhaite retourner dans sa ville. Difficile de le contredire.

À l’époque de Régis Labeaume, un tel commentair­e aurait soulevé un tollé sur les plaines d’Abraham, mais plus aujourd’hui. Les amateurs québécois ont subi tellement de déceptions au fil du temps qu’ils se disent : « Tant mieux si ça arrive, sinon tant pis ».

La LNH tient un agenda qui n’a rien à voir avec les désirs des amateurs. Pour elle, Québec est un petit marché qui apporterai­t peu à la grosse machine. Ce qui l’attire, ce sont les marchés de télévision des gros centres américains.

COMME LES EXPOS

Ce dossier est en quelque sorte un copier-coller de la saga du retour des Expos. Les amateurs de baseball ont embarqué au premier signe que le projet pouvait être mené à terme. Sauf que contrairem­ent à Bettman, son vis-à-vis de la Ligue majeure de baseball, Rob Manfred, a dit souhaiter le retour d’une équipe à Montréal.

Les Blue Jays de Toronto sont venus pendant quelques années disputer deux matchs au Stade olympique pour conclure leur camp d’entraîneme­nt. Au début les gradins étaient bondés. Une année, ils étaient près de 100 000 spectateur­s pour les deux rencontres.

Mais ça prenait un nouveau stade, un vrai stade de baseball des temps modernes. À partir de ce moment, les politicien­s se sont faits tout petits. Puis le projet d’une garde partagée avec les Rays de Tampa Bay est venu foutre le projet en l’air.

Québec possède l’amphithéât­re et les bailleurs de fonds, semble-t-il, mais attend encore. De toute évidence, seul un revirement inattendu lui permettrai­t de réintégrer la LNH.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada