Le Journal de Montreal

Vibrant plaidoyer pour la laïcité

Le premier ministre français, Gabriel Attal, a vanté la relation privilégié­e entre le Québec et la France

- GENEVIÈVE LAJOIE ET RAPHAËL PIRRO

Le premier ministre français, Gabriel Attal, a livré un vibrant plaidoyer pour la laïcité lors de son passage à l’Assemblée nationale, hier. Préoccupé par « nos valeurs », François Legault a dit vouloir gouverner pour « que le Québec reste le Québec ».

Devant le dignitaire de la France, le premier ministre québécois a convenu que les deux nations étaient actuelleme­nt confrontée­s aux mêmes défis. Il a souligné que le Québec avait dépassé sa capacité d’accueil en matière d’immigratio­n, ce qui n’est pas sans risque pour l’avenir du français et de « nos valeurs ».

Empruntant une formule du président Emmanuel Macron, François Legault a dit vouloir « gouverner pour que le Québec reste le Québec ».

Les Québécois et les Français partagent aussi le même attachemen­t profond pour la laïcité, a renchéri M. Legault.

LAÏCITÉ ET FRANÇAIS

Appelé à s’adresser aux députés, Gabriel Attal a plaidé en faveur de la neutralité religieuse de l’État. « La laïcité est la condition de la liberté, la condition de l’égalité et la condition de la fraternité ! » a-t-il affirmé, sous les applaudiss­ements.

Il a aussi insisté sur le combat que les deux nations devaient livrer face à l’uniformité linguistiq­ue anglaise dans les contenus numériques.

« Nous nous battrons pour que chaque enfant, chaque jeune puisse avoir accès à des livres, des articles, des jeux vidéo, des films, des séries en français et que les algorithme­s, les plateforme­s d’intelligen­ce artificiel­le laissent la place qu’il mérite au français. Nous nous battons pour que la jeunesse puisse s’épanouir dans sa langue, la perpétuer, la transmettr­e ».

LE « NI-NI »

Devant les élus québécois, le PM de l’Hexagone s’est montré prudent quant à la politique de la France à l’égard du destin du Québec. Il s’est gardé de prononcer la fameuse doctrine française de la « non-ingérence et non-indifféren­ce ».

« Nos deux nations sont liées », a-t-il répété au Salon bleu, qui était sous très haute sécurité.

Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a dit comprendre sa prudence à l’égard de la question nationale du Québec. « Mais quand les Québécois se seront dit oui », le leader souveraini­ste espère que Gabriel Attal, que plusieurs voient comme le dauphin du président Emmanuel Macron, serait celui qui prononcera­it la formule de Charles de Gaulle « Vive le Québec libre ! » Une interventi­on qui a fait sourire le principal intéressé.

De passage à Ottawa plus tôt en journée, M. Attal avait néanmoins déjà fait sienne la posture historique de la France du « non-ingérence et non-indifféren­ce » envers le Québec.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a d’ailleurs saisi la balle au bond lancée par un journalist­e qui demandait à Gabriel Attal s’il se sentait « tiraillé », voire « déchiré » entre le Canada et le Québec, « qui souhaitent tous deux nouer avec la France une relation directe et privilégié­e ».

« Il n’y a pas de tiraillage », a tranché M. Trudeau. « Le Canada est très content d’avoir une amitié profonde avec la France et en tant que Québécois fier moi aussi, je suis très content que ma belle province du Québec ait aussi une relation privilégié­e avec la France », a-t-il poursuivi.

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PHOTO AFP Le premier ministre français, Gabriel Attal, en discussion avec le premier ministre du Québec, François Legault, à l’Assemblée nationale du Québec, hier.

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