Le Journal de Montreal

Battu à mort pendant plus d’une heure par son codétenu

- MICHAËL NGUYEN

Le Montréalai­s tué par un codétenu dans sa cellule de prison a été battu pendant plus d’une heure, a affirmé un prisonnier en jurant que les bruits étaient si forts que « tout le monde a été réveillé ».

« C’étaient des coups, de la violence, c’est certain que c’était de la violence… Tout le monde essayait de dire d’arrêter de cogner sur le monsieur », a témoigné Othman Chergui, ce jeudi au procès d’Ali Ngarukiye.

M. Chergui, 42 ans, s’est présenté à la barre en lien avec la mort d’André Lapierre, un quinquagén­aire qui avait été battu à mort dans sa cellule de la prison Rivière-des-Prairies, dans la nuit du 16 ou 17 juin 2021.

Le cochambreu­r de la victime, Ali Ngarukiye, a reconnu être l’auteur du crime, mais il plaide la non-responsabi­lité criminelle pour cause de troubles mentaux, si bien que c’est un jury qui devra trancher, au terme d’un procès qui s’est amorcé cette semaine au palais de justice.

DISPUTE POUR DU LINGE

À l’époque, l’accusé de 24 ans était détenu en lien avec « l’affaire Camara » où un policier s’était fait tirer dessus, a-t-il été dit au jury. Il avait alors été placé dans la cellule 228, où était logée sa victime. Et le matin du drame, les deux détenus s’étaient disputés à propos de linge.

« Je vais prendre mon mal en patience pour pouvoir sortir d’ici le plus tôt possible », avait affirmé M. Lapierre à une amie.

Quelques heures plus tard, pendant la nuit, il était battu à mort.

« C’était vers 3 h ou 4 h du matin, a témoigné M. Chergui, qui occupait la cellule adjacente. Il y avait des bruits sur le mur qui connecte [les cellules]. »

Questionné par Me Louis Bouthillie­r de la Couronne, le témoin a assuré que les bruits étaient assez forts pour réveiller d’autres détenus, qui l’imploraien­t d’arrêter.

LES GARDIENS N’ONT RIEN VU

Sauf que comme les cellules étaient fermées à clé, personne n’a rien pu faire. Ce n’est qu’une heure plus tard que les coups ont cessé.

Et ce n’est qu’après qu’un gardien aurait décidé d’aller se promener dans la rangée où se trouvent les cellules.

« Il est passé avec sa lampe de poche, c’est comme s’il n’avait rien vu », a témoigné M. Chergui en ajoutant avoir souri à ce gardien, mais sans dire un mot.

En début de matinée, les agents des services correction­nels ont finalement fait la macabre découverte.

Arrêté sur place, Ngarukiye a été accusé de meurtre au deuxième degré.

L’accusé, qui est défendu par Me Sharon Sandiford, espère toutefois s’en sortir en plaidant la non-responsabi­lité pour cause de troubles mentaux.

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ALI NGARUKIYE Accusé

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