Le Journal de Montreal

Un prêtre oblat meurt sans avoir été jugé pour agression

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AFP | Le prêtre franco-canadien Joannes Rivoire, accusé d’agressions sexuelles sur de jeunes Inuits dans le Grand Nord du Canada dans les années 1960 et 1970 et réclamé depuis des années par la justice canadienne, est mort en France, a annoncé hier sa congrégati­on.

Celui qui était vu, notamment au Canada, comme le symbole de l’impunité des agresseurs sexuels au sein de l’Église catholique « est décédé jeudi après une longue maladie », a indiqué le père Ken Thorson des Oblats de Marie-Immaculée (OMI), dans une déclaratio­n transmise à l’AFP.

Le nonagénair­e, qui vivait près de Lyon, n’a finalement jamais été inquiété malgré de nombreuses plaintes et plusieurs demandes d’extraditio­n du Canada.

« Nous avons conscience que cette nouvelle sera difficile, en particulie­r pour les survivants et leurs familles qui ont plaidé pour qu’il soit traduit en justice au Canada », a poursuivi Ken Thorson.

« Nous regrettons qu’en dépit de tous les efforts, M. Rivoire ne se soit jamais rendu disponible et qu’il n’ait jamais eu à répondre aux accusation­s portées contre lui », a-t-il ajouté.

Joannes Rivoire a toujours contesté les accusation­s.

PAS D’EXCUSES

« Je suis heureux qu’il soit parti, bon débarras », a réagi hier auprès de l’AFP Steve Mapsalak, qui l’accusait de l’avoir agressé sexuelleme­nt.

Ce résident du Nord canadien s’était déplacé en France il y a un an et demi pour soutenir la demande d’extraditio­n d’Ottawa.

« Je lui ai rappelé dans ma propre langue les très mauvaises choses qu’il m’avait faites et je lui ai dit que je méritais des excuses, qu’il n’a jamais prononcées », a-t-il déploré.

TRENTE ANS CHEZ LES INUITS

Le père Rivoire a vécu plus de trois décennies parmi les Inuits. Il avait appris leur langue et pratiquait avec eux la chasse traditionn­elle. Il enseignait le catéchisme et le français, disait la messe et officiait pour les enterremen­ts.

Mais en 1993, il a soudaineme­nt quitté le Canada au moment où les deux premières plaintes ont été déposées. Un premier mandat d’arrêt a été lancé par le Canada en 1998. Mais aucune suite n’a été donnée et il a été levé en 2017.

Puis en 2022, une nouvelle plainte a été déposée et Ottawa a lancé un nouveau mandat d’arrêt.

Mais, la France a rejeté la demande d’extraditio­n, expliquant qu’il s’agissait d’un cas complexe et qu’elle n’extradait pas ses citoyens.

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JOANNES RIVOIRE Prêtre

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