Le Journal de Montreal

Le couple « open » de la CAQ

« Que le gouverneme­nt fédéral se mêle de ses affaires ! »

- Richard.martineau @quebecorme­dia.com

C’est ce que le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette a lancé lorsqu’on lui a demandé ce qu’il pensait de la décision de la commission scolaire English-Montreal de contester la Loi sur la laïcité de l’État avec l’argent du fédéral.

Avouez que ça faisait plaisir à entendre !

Surtout que ça « venait de son fond ».

Enfin la CAQ qui se choque ! La CAQ qui montre les dents !

Au lieu de faire le piteux pitou devant Ottawa, un chapeau mou dans les mains et de grosses larmes dans les yeux, comme le chat botté !

LEMOTEN«R»

Maintenant que monsieur Jolin-Barrette a remis le gouverneme­nt fédéral à sa place, c’est quoi la suite ?

Ça sera quoi, les conséquenc­es, si jamais Ottawa continue de se mêler de nos affaires ?

Euh… Bien… En tout cas…

C’est ça, le talon d’Achille du gouverneme­nt Legault.

Il se fâche, puis… Rien.

« Câlisse de calvaire, les baguettes en l’air, mais par en arrière, on prend son trou », comme chantait Ferland.

On fait notre Boubou. « Le Québec est et sera une société distincte, une société qui va faire ses propres choix », a lancé le ministre de la Justice en citant le célèbre discours que Robert Bourassa a prononcé au lendemain de la mort de Meech. C’est bien beau. Sauf que la phrase complète du discours de monsieur Bourassa est : « Une société distincte, LIBRE et capable D’ASSUMER SON DESTIN… »

Pourquoi monsieur Jolin-Barrette a-t-il occulté ces quelques mots ? Il les avait oubliés ? Peut-être, ça se peut. Mais ça se peut aussi qu’il ne les ait pas prononcés parce que ces mots sonnaient un peu trop comme une menace souveraini­ste, ce qui aurait fâché son patron, François Legault.

Car à la CAQ, on se fâche, mais on ne brandit jamais le bâton souveraini­ste pour effrayer l’adversaire fédéral.

Quand on sort le mot en R (référendum), on s’assure toujours qu’il est suivi du mot « sectoriel » pour ne pas faire fuir les fédéralist­es qui se sont réfugiés sous les jupes de la CAQ quand le PLQ s’est effondré.

Après tout, on est nationalis­te, à la CAQ. Pas séparatist­e !

ENSEMBLE PAS ENSEMBLE

En fait, ce que veut la CAQ, c’est être « un Québec indépendan­t dans un Canada uni ».

Avoir tous les pouvoirs, jouir de notre complète et entière liberté, sans nous divorcer du Canada.

Ça me fait penser à un de mes amis qui a eu la « brillante » idée d’essayer le couple « open » avec sa femme.

Il voulait avoir tous les avantages du mariage (la sécurité, la stabilité, la garantie de ne jamais te retrouver seul, deux salaires), sans ses inconvénie­nts (la monogamie, la fidélité, rendre des comptes).

Et tous les avantages du célibat (la vie olé olé, coucher avec qui tu veux, la liberté), sans ses inconvénie­nts (la solitude, revenir bredouille du bar à trois heures du matin).

« Le meilleur des deux mondes ! » m’a-t-il dit, tout sourire.

En couple, MAIS indépendan­t !

Ça a duré deux mois.

Il s’est rendu compte que le couple « open », c’est bien beau sur papier, mais ça ne fonctionne pas en pratique.

Ça finit toujours par craquer. C’est ça que le gouverneme­nt Legault propose : un couple « open » avec le Canada.

Ensemble, mais pas ensemble. On va chacun « respecter » la liberté « de l’autre ».

Bonne chance, amis caquistes ! Si vous voulez, je vous donnerai le numéro de téléphone de mon ami, vous pourrez lui parler.

Il est séparé.

Et heureux comme jamais.

La CAQ veut « un Québec 100 % libre dans un Canada uni »

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