Le Journal de Montreal

Trudeau et le gros chéquier fédéral

- Chef du Bureau parlementa­ire à Ottawa guillaume.st-pierre2 @quebecorme­dia.com

OTTAWA | Tassez-vous de d’là, comme dirait Dédé Fortin, les libéraux de Justin Trudeau arrivent avec leurs gros sabots et leur gros chéquier.

Pas question de s’excuser de dépenser et d’empiéter dans les champs de compétence­s des provinces. Au contraire. La stratégie semble plus limpide que jamais.

L’heure n’est pas à la conciliati­on avec des provinces, qui sont de toute façon à majorité hostile et d’allégeance conservatr­ice.

Elles peuvent « chigner » tant qu’elles veulent. Les Canadiens « s’en foutent » des batailles de compétence­s, pour reprendre ses mots.

L’heure n’est pas, non plus, à la rigueur budgétaire. Il faut sauver sa peau !

DÉPENSES

Après un striptease budgétaire de trois semaines, il est clair que Justin Trudeau n’a aucune intention d’effectuer un virage vers la rigueur budgétaire après des années de dépenses.

Il joue son va-tout en mobilisant tout le pouvoir du fédéral de dépenser.

Face à un Pierre Poilievre qui veut réduire le rôle de l’État, Justin Trudeau répond que le fédéral ne peut jamais en faire trop.

Face aux provinces qui lui disent de se mêler de ses affaires, le premier ministre leur brandit de l’argent sous le nez – assorti de conditions – ou leur dit de carrément se tasser du chemin.

« Nous sommes là pour travailler en tout respect des provinces qui veulent régler ces problèmes [de logement]. Je demande aux provinces qui ne veulent pas régler le problème de dégager », a-t-il lancé hier avec dédain.

Manifestem­ent, Justin

Trudeau pense être en mesure de sortir gagnant d’une confrontat­ion avec certains premiers ministres provinciau­x qui le voient comme un canard boiteux en fin de régime.

On l’avait rarement vu aussi combatif.

PARI RISQUÉ

On peut se demander ce que cherche réellement à accomplir Justin Trudeau avec ses accrochage­s provoqués avec les provinces. Des résultats ? Peut-être. Du capital politique ? Assurément.

L’idée est avant tout de jouer sur les contrastes. Il s’agit d’un pari risqué, peut-être un des seuls qui lui restent.

Certes, certains premiers ministres doivent composer avec un taux d’approbatio­n famélique, comme Doug Ford (34 %), Blain Higgs (31 %), ou même François Legault (32 %).

Mais avec 32 % d’approbatio­n, on ne peut pas dire que Justin Trudeau a une tonne d’amis.

QUI VA PAYER ?

La coalition libérale formée de jeunes et de progressis­tes a éclaté au profit de Pierre Poilievre, où se sont réfugiés 20 % de ses électeurs.

La stratégie est de faire pleuvoir sur eux les aides gouverneme­ntales et les programmes sociaux.

Après le long striptease qui aura coûté un bras, la question reste à savoir qui et comment va-t-on payer pour tout ça ?

Une hausse des revenus semble inévitable. Qui sera taxé davantage ? Qui devra faire sa « juste part » ? À combien s’élèveront la dette et le déficit ?

Le spectacle de l’effeuillag­e est terminé. Il est maintenant temps de connaître la facture.

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