Le Journal de Montreal

Des médecins pour animaux qui font profil bas

- VINCENT DESBIENS Le Journal de Québec

Bien conscients de la grogne contre leur profession qui monte dans l’opinion publique ces derniers temps, des vétérinair­es préfèrent faire profil bas quand il est question du métier.

« Disons que j’essaie d’éviter de dire que je suis vétérinair­e... Je suis tannée de me faire dire qu’on est des voleurs », confie une vétérinair­e qui travaille dans un centre d’urgence de la couronne nord de Montréal.

Une propriétai­re de clinique indépendan­te de la Rive-Sud de Montréal abonde dans le même sens.

« C’est terrible les choses qui se disent sur notre domaine. Oui, la vaste majorité des cliniques sont des entreprise­s privées qui veulent faire de l’argent, mais je pense sincèremen­t que l’objectif des vétérinair­es, c’est de sauver des vies et pas le profit. »

UN GROS DÉFI

Elle « comprend que les gens soient émotifs et qu’il puisse y avoir un sentiment de colère » quand on leur annonce qu’ils devront débourser des milliers de dollars pour sauver leur animal/.

« C’est le plus gros défi du métier, d’annoncer des dépenses importante­s aux clients. Ça me crève le coeur, chaque fois, de demander quel est le budget des gens pour soigner leur animal. Des fois, je sais que 500 $ c’est déjà trop. »

La présidente de l’Associatio­n des médecins vétérinair­es du Québec (AMVQ), Ève-Lyne Bouchard, estime que les déversemen­ts de fiel sont de plus en plus fréquents dans la sphère publique.

« Avant, la gestion des frais restait dans les murs de la clinique, mais c’est un sujet qui revient énormément sur la place publique depuis quelques années. Le contexte socioécono­mique rend les gens plus réactifs et le vétérinair­e est la goutte qui fait déborder le vase du stress financier en raison de l’attachemen­t émotionnel », constate-t-elle.

INCOMPRÉHE­NSION

Le Journal s’est entretenu avec quatre vétérinair­es. Deux d’entre eux travaillen­t dans un établissem­ent de santé animale indépendan­t, alors que les deux autres sont employés au sein de grands regroupeme­nts de cliniques.

Tous s’entendent pour dire qu’il y a une « incompréhe­nsion générale » du public par rapport au juste prix à payer pour des services vétérinair­es.

« Au Québec, on n’est pas conscient d’à quel point ça coûte cher se faire soigner, parce que c’est gratuit pour les humains dans le système de santé. Allez aux États-Unis pour le fun, vous allez comprendre », lance un vétérinair­e qui exerce dans la région de Québec.

« On veut pratiqueme­nt la même qualité que pour la médecine humaine. C’est normal que ça coûte cher », explique la Dre Bouchard.

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