Le Journal de Montreal

Un premier café cannabis à Montréal

L’établissem­ent 100 % légal ouvrira bientôt ses portes pour les détenteurs de prescripti­ons médicales

- LOUIS-PHILIPPE MESSIER

À l’intérieur de Montréal, le journalist­e Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.

Au comptoir du tout premier commerce à se spécialise­r dans le cannabis de prescripti­on au Québec, des suçons et des macarons au THC jouxtent des crèmes pour les mains, de l’huile à massage et même des préservati­fs enduits de lubrifiant au CBD.

Tout le monde pose la même question au propriétai­re du café cannabis Hälsa (qui veut dire santé en suédois) : « Ça va être légal ? »

« Oui, légal à 100 %. Il y aura un médecin accessible en permanence par Skype. On a suivi toutes les procédures exigées par Santé Canada. On est là-dedans depuis huit mois et le permis devrait nous être décerné d’ici deux semaines », affirme Richard Harton.

Car attention, seuls les détenteurs d’une prescripti­on de cannabis médical pourront y consommer des produits.

« L’essentiel de la clientèle sera composé de gens malades ou souffrants à la recherche du produit de cannabis le plus adapté à leur condition afin, par exemple, de faire disparaîtr­e la nausée pendant une chimiothér­apie, de faire cesser des tremblemen­ts ou d’apaiser une douleur chronique », explique l’homme qui a cofondé l’Associatio­n canadienne du cannabis en 2019.

« LE RACHELLE BÉRY DU CANNABIS »

M. Harton me montre son permis émis par la Ville de Montréal, qu’il a déjà obtenu et affiché dans son grand local décoré façon Alice au pays des merveilles sur la rue Saint-Denis en face du Saint-Bock.

« La SQDC s’occupe du volet récréatif... Hälsa va s’occuper du côté médical. Je veux qu’on devienne le Rachelle Béry du cannabis médical. »

En ce moment, des patients malades qui ont une prescripti­on sont souvent démunis et laissés à eux-mêmes, déplore M. Harton.

« On leur dit d’aller sur internet et il n’y a personne pour les conseiller. À la pharmacie, on commande le produit pour eux et ils doivent revenir un autre jour pour le chercher. Ça n’a aucun sens. »

« On proposera des conseils pour orienter les gens, il y aura des conférence­s, on offrira même des tests ADN pour aider à trouver le meilleur choix en fonction de la génétique du patient. »

PAS DE MINEURS OU D’ÉTRANGERS

M. Harton me tend un présentoir dans lequel se trouve une énorme cocotte de marijuana Grape Kush odoriféran­te.

Quelques trous sous une languette me permettent de humer son parfum puissant.

« Comme ça les gens pourront sentir sans toucher le produit. »

Évidemment, même si des joints préroulés seront offerts, il ne sera pas question de les fumer sur place. La loi sur le tabac s’applique. De la nourriture sera offerte, mais il n’y aura pas d’alcool.

Non seulement les mineurs n’y auront pas accès, mais aussi... les étrangers.

« C’est avec Santé Canada, ça s’adresse aux citoyens canadiens. »

Dommage pour les touristes !

CHAMBRE FORTE RÉFRIGÉRÉE

M. Harton a aménagé une chambre forte réfrigérée avec un système antivol dernier cri au sous-sol.

Il accepte déjà les CV pour embaucher son personnel.

« Mon frère a passé deux ans et demi avec un cancer de stade 4 en profitant d’une belle qualité de vie grâce au cannabis médical. C’est pour ça que j’ai adopté cette cause », confie cet ancien de la STM qui vit de sa pension et qui dit avoir tout investi dans son commerce.

Je souhaite à M. Harton que ça marche ! J’ai bien hâte de voir comment ça va se passer dans ce premier café cannabis montréalai­s.

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1. Le fondateur de l’Associatio­n canadienne du cannabis, Richard Harton, pose devant le comptoir du café cannabis à vocation médicale qu’il s’apprête à ouvrir sur la rue Saint-Denis. 1
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2 2. L’auteur de ces lignes hume le parfum d’une cocotte de cannabis dans un présentoir qui permet de sentir sans toucher.
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PHOTOS LOUIS-PHILIPPE MESSIER 3 3. L’établissem­ent veut offrir une grande variété de cannabis à vocation médicale pour permettre aux patients de magasiner et de choisir judicieuse­ment.
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