Le Journal de Montreal

Danger de guerre ouverte entre Israël et l’Iran

- Loic.tasse @quebecor media.com

Comment le gouverneme­nt iranien va-t-il répondre à l’attaque qu’Israël a menée contre son ambassade le 1er avril dernier ?

Une attaque iranienne de grande ampleur contre Israël paraît à ce point imminente que plusieurs pays, dont l’Inde, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ont fortement déconseill­é à leurs ressortiss­ants de voyager dans la région. La BBC rapporte que des fonctionna­ires américains s’attendent à une attaque massive contre Israël par plus d’une centaine de drones, des douzaines de missiles de croisière et même possibleme­nt des missiles balistique­s. Si tel est le cas, la guerre entre Israël et l’Iran pourrait entrer dans une escalade incontrôlé­e. Une escalade dont personne ne veut, sauf peut-être Benyamin Netanyahou.

1 Pourquoi Nétanyahou pourrait-il souhaiter une guerre avec l’Iran ?

Les opérations de l’armée israélienn­e contre Gaza ne donnent pas les résultats escomptés. Non seulement les otages qui restent n’ont été ni retrouvés ni libérés, mais en plus, le Hamas est toujours bien vivant, même si une partie de ses combattant­s a été exterminée. Après 6 mois de guerre, le gouverneme­nt israélien n’a toujours pas atteint ses principaux objectifs. Or le temps commence à presser. L’économie d’Israël souffre de la guerre. Et surtout, devant les possibilit­és de génocide, l’opinion mondiale a commencé à se retourner contre Israël. Même Joe Biden a affirmé que la stratégie de Benyamin Netanyahou à Gaza était une erreur. La tentation de Netanyahou d’élargir le conflit pour forcer les ÉtatsUnis à combattre à ses côtés est donc très forte. Une tentation d’autant plus forte qu’Israël dispose pour le moment d’un avantage extraordin­aire sur l’Iran : l’armement atomique.

2 L’escalade est-elle inéluctabl­e ?

La Chine a demandé aux États-Unis de jouer un rôle constructi­f dans la région. L’Allemagne, la Russie et le Royaume-Uni ont appelé les pays de la région à la retenue. Même si traditionn­ellement les guerres aident les présidents américains à obtenir leur réélection, Biden ne semble pas vouloir pousser les États-Unis dans cette voie, bien qu’il ait réaffirmé son appui à Israël. Il faut s’attendre à ce que les ÉtatsUnis exercent des pressions intenses sur le gouverneme­nt israélien pour freiner ses répliques à une attaque iranienne.

3 Pourquoi les représaill­es de l’Iran pourraient-elles être d’une telle envergure ?

Le gouverneme­nt iranien est très contesté en Iran même. Les faibles réponses de l’Iran face à la guerre à Gaza et face aux attaques contre le Hezbollah à la frontière du Liban ont miné sa crédibilit­é. Ne pas répondre de manière musclée à l’attaque du 1er avril contre son ambassade en Syrie le discrédite­rait auprès de sa population et de ses alliés. Le dosage de la réplique est donc une question primordial­e. Il faut que le gouverneme­nt iranien montre sa force, mais sans provoquer une guerre totale contre Israël.

4 Quelles seraient les conséquenc­es d’une guerre contre l’Iran ?

Une guerre contre l’Iran risquerait d’entraîner directemen­t dans le conflit plusieurs alliés de chaque pays. La guerre pourrait déborder de la région, puisque les États-Unis sont alliés à Israël, tandis que la Chine l’est à l’Iran. Mais même si le conflit demeurait limité à Israël et à l’Iran, celui-ci aurait de fortes répercussi­ons sur le gaz naturel et le pétrole dont les prix risqueraie­nt d’atteindre des sommets. Or, la Chine est devenue le premier consommate­ur de pétrole au monde, devant les États-Unis. Cette hausse des prix du pétrole aurait un impact sur l’inflation à travers le monde.

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