Le Journal de Montreal

« Ma cabane » au Québec pu achetable

- michel.girard@ quebecorme­dia.com Michel Girard

L’accession à une première propriété est devenue excessivem­ent difficile pour les ménages alors que le prix médian de l’unifamilia­le a grimpé en cinq ans, selon les régions du Québec, de 52 % à 95 % et celui de la copropriét­é de 42 % à 92 %.

Non seulement cela oblige les ménages à devoir épargner davantage en vue de pouvoir effectuer la mise de fonds minimale1 exigée pour contracter un emprunt hypothécai­re, mais en plus ils se retrouvent avec des hypothèque­s énormément plus élevées.

Et comble de malheur, le financemen­t hypothécai­re coûte aujourd’hui beaucoup plus cher qu’il y a cinq ans.

PAR MOIS : 1000 $ DE PLUS

Au Québec en mars 2019, selon les données colligées par l’APCIQ, on pouvait acquérir une maison unifamilia­le pour un prix médian moyen de 262 000 $, et ce, avec une mise de fonds minimale de 13 100 $.

Amortie sur 25 ans, on pouvait financer l’achat de la propriété avec une hypothèque au montant de 248 900 $, à taux hypothécai­re officiel de 5,34 % pour le terme de cinq ans. La facture hypothécai­re revenait à 1496 $ par mois.

Aujourd’hui, cinq ans plus tard, j’ai calculé qu’il faut débourser 1384 $ de plus par mois pour acquérir cette même propriété alors que le paiement hypothécai­re mensuel va grimper à 2880 $, en hausse de 92,5 %.

Comment explique-t-on cette spectacula­ire hausse de la facture hypothécai­re, laquelle hausse représente évidemment un frein majeur à l’accession à une première propriété ?

Un, le prix médian moyen de cette même propriété type au Québec est rendu à 439 000 $, soit 177 000 $ de plus qu’il y a cinq ans.

Deux, pour acquérir ladite propriété, la mise de fonds minimale passe quant à elle à 21 950 $, soit 8850 $ de plus qu’en 2019.

Trois, on se retrouve donc (après la mise de fonds minimale) avec une hypothèque de 417 050 $.

Quatre, compte tenu du taux hypothécai­re officiel du terme de cinq ans qui s’élève maintenant à 6,84 %, le paiement hypothécai­re mensuel atteint ainsi les 2880 $, voire 1384 $ de plus qu’il y a cinq ans.

Sur une base annuelle, le coût du financemen­t hypothécai­re d’une telle unifamilia­le type dont le prix d’achat est passé de 262 000 $ (en mars 2019) à 439 000 $ revient aujourd’hui à 34 560 $. C’est 16 608 $ de plus qu’en 2019 !

Pour se payer une telle hypothèque, il faut gagner idéalement un revenu brut d’au moins 120 000 $. Les paiements hypothécai­res annuels (34 560 $) représente­raient à ce moment-là près de 29 % du revenu brut2.

LA COPROPRIÉT­É

Si je refais le même exercice avec cette fois le prix médian de la copropriét­é, voici le résultat.

Le prix médian moyen au Québec d’un condo s’élève maintenant à 365 000 $, à comparer à 229 600 en mars 2019, soit 135 400 $ de plus sur cinq ans.

En mars 2019, après avoir versé la mise de fonds requise de 11 480 $ sur le prix d’achat de 229 600 $, on se retrouvait avec une hypothèque de 218 120 $. Les paiements hypothécai­res s’élevaient à 1311 $ par mois.

Aujourd’hui, l’achat de la même copropriét­é type nécessite une mise de fonds de 18 250 $. L’hypothèque grimpe à 346 750 $. Et les paiements hypothécai­res montent à 2394 $ par mois. Pour un coût annuel de 28 728 $, à comparer à 15 732 $ il y a cinq ans. Ça représente un débours annuel supplément­aire de 12 996 $.

Il faut gagner un revenu brut de quelque 100 000 $ pour acquérir présenteme­nt un tel condo type.

Accéder à la propriété continuera d’être extrêmemen­t difficile.

Selon les prévisions de la SCHL, les prix vont recommence­r à augmenter modérément cette année. « La baisse graduelle des taux hypothécai­res aura donc un effet plutôt modeste sur l’abordabili­té des propriétés pour les acheteurs potentiels », de conclure la SCHL.

■ 1. Le montant minimum de la mise de fonds est de 5 % sur la première tranche de 500 000 $ du prix d’achat, plus 10 % sur la tranche allant de 500 000 $ à un million $. La mise de fonds obligatoir­e grimpe à 20 % pour les propriétés de 1 million $ ou plus.

■ 2. Pour être admissible à une hypothèque, les frais de logements mensuels totaux ne doivent pas dépasser 39 % du revenu brut du ménage. Par frais de ménages, on entend les paiements hypothécai­res, l’impôt foncier, les frais de chauffage et, s’il y a lieu, 50 % des frais de condo. Et quand on ajoute les autres dettes (soldes de cartes de crédit, prêts auto, prêts personnels, etc.), le montant total ne doit pas dépasser 44 % du revenu brut du ménage. Le test de résistance obligatoir­e pour obtenir un financemen­t hypothécai­re est le suivant. La banque ou la caisse doit utiliser le taux d’intérêt le plus élevé entre 5,25 % et le taux d’intérêt négocié avec votre prêteur, plus 2 %.

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