Le Journal de Montreal

Une femme victime collatéral­e d’un fraudeur sur internet

L’adresse d’une dame de Québec partagée dans le cadre de fausses transactio­ns

- GABRIEL CÔTÉ

Jusqu’à ce qu’elle confronte elle-même l’arnaqueur qui donnait son adresse à des « clients » sur le marché aux puces virtuel de Facebook, une résidente de Charlesbou­rg a reçu chez elle la visite de plusieurs personnes qui pensaient récupérer leurs achats.

Dubitative, Louise Larocque se tourne vers son mari pour essayer de comprendre ce que lui raconte l’homme qui attend sur le perron. « Chéri, il y a un monsieur à la porte pour la souffleuse… est-ce qu’on vend la souffleuse ? »

– Non, lui répond son époux, on ne vend pas la souffleuse.

– Oui, oui, regardez, c’est bien l’adresse que vous m’avez donnée !, reprend l’homme qui se tient dans le cadre de porte, en montrant une conversati­on sur l’écran de son téléphone cellulaire.

Mais l’annonce Marketplac­e a disparu, en même temps que l’argent du pauvre homme, et son espoir de repartir avec une souffleuse.

C’était le vendredi de la semaine dernière, et la scène allait se répéter sept fois de là au dimanche après-midi.

« J’ai dit à mon chum : “Une chance que tu es là, sinon je me serais mise à ‘paranoïer’ avec tout ce monde qui se présente à la porte après avoir perdu 100150 piastres !” » explique Mme Larocque.

La dernière personne à se présenter avait pris des photos de la conversati­on et du profil de la personne qui prétendait lui vendre une machine « Thermomix TM6 en très bon état avec accessoire­s et livres d’utilisatio­n et de recettes ». Une certaine Martine Daigle, selon les informatio­ns de son compte Facebook, qui peut être une imposture.

« Je l’ai retrouvée sur Marketplac­e, puis je lui ai dit que j’étais intéressée par un article, relate Louise Larocque. Elle m’a dit qu’elle voulait un dépôt, j’ai répondu qu’il n’y avait pas de problème, qu’elle avait seulement à me donner son adresse, puisque mon mari était déjà en chemin. »

« Puis elle m’a donné ma propre adresse ! » s’exclame la dame qui réside à Charlesbou­rg. « Je l’ai signalé à la police, puis j’ai averti la personne qu’elle m’avait donné ma propre adresse. »

Depuis, plus personne ne s’est présenté chez elle, à son grand soulagemen­t, mais l’escroc n’a pas cessé ses activités. Selon des messages textes qu’a pu consulter Le Journal, « Martine Daigle » donne désormais à ses victimes une adresse domiciliée à Laval.

TACTIQUES

Le modus operandi de Martine Daigle est toujours le même. Quand un client se montre intéressé par un article, elle demande le dépôt d’un petit montant par virement Interac, sous prétexte de réserver l’article et « d’éviter d’autres acheteurs sérieux ».

Puis, elle donne une adresse (dans plusieurs cas, celle de Mme Larocque) et un numéro de téléphone. Or, en composant un de ces numéros, Le Journal a pu constater qu’il s’agissait également d’un faux.

Il y a là plusieurs drapeaux rouges, si l’on se fie au site web du Centre antifraude du Canada. Le fait de nommer d’autres acheteurs potentiels met de la pression sur les victimes, en créant un sentiment d’urgence pour inciter les personnes à donner un petit montant d’argent avant même d’avoir pu établir l’existence de l’article. Les autres informatio­ns servent à mettre la victime en confiance.

VICTIME MALGRÉ ELLE

Louise Larocque est devenue aussi la victime collatéral­e d’un fraudeur. Même si elle n’a pas perdu d’argent, elle estime avoir subi des préjudices réels.

« Les gens qui arrivaient ici n’étaient pas de bonne humeur quand ils réalisaien­t qu’ils s’étaient fait flouer, puis ça n’arrêtait pas de cogner à la porte ! », raconte-t-elle. « C’était stressant, j’ai eu du mal à dormir. J’espère que ça n’arrivera pas à d’autres. »

 ?? PHOTO GABRIEL CÔTÉ ?? Louise Larocque a elle-même communiqué avec la fraudeuse, qui lui a donné sa propre adresse pour aller chercher un bien.
PHOTO GABRIEL CÔTÉ Louise Larocque a elle-même communiqué avec la fraudeuse, qui lui a donné sa propre adresse pour aller chercher un bien.

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