LA CHANCE D’UNE VIE POUR DES QUÉBÉCOIS
Les probabilités de remporter des billets pour le Tournoi des Maîtres étaient inférieures à 0,5 %
AUGUSTA | Monter et descendre à genoux les 665 marches de l’oratoire Saint-Joseph 100 fois ne changerait pas le destin et n’améliorerait pas les chances de gagner des billets à la loterie du Tournoi des Maîtres. Mais par une belle journée d’été l’an dernier, un Québécois a reçu un courriel de félicitations du Augusta National. Il venait de gagner quatre billets pour l’édition 2024.
« Quand c’est apparu dans ma boîte, je pensais à un pourriel comme les offres de croisières. J’étais habitué à recevoir un courriel de remerciement sans billet. Je me disais toujours qu’il y a deux certitudes dans la vie : la mort et… l’impossibilité de gagner à cette loterie.
« Mais là, c’était vrai. Je n’en revenais pas, a raconté Philippe Foliot en tenant ses quatre précieuses badges valides seulement pour le mardi 9 avril. Encore aujourd’hui, je comprends mal comment j’ai pu gagner ces tickets. »
Les probabilités ? Tenez-vous bien, car elles sont aussi minces que l’anneau de feu d’une éclipse solaire annulaire !
DEUX MILLIONS PAR ANNÉE
Environ 40 000 billets sont en circulation à chaque journée du tournoi. Les citoyens de la Géorgie, spécialement d’Augusta, et les détenteurs de billets à vie représentent environ 45 % du lot.
C’est donc dire qu’un peu plus de 20 000 billets sont destinés aux gagnants de la loterie, qui peuvent obtenir une journée aléatoire ou un forfait de quatre jours. Le nombre de billets octroyés est aussi aléatoire, mais varie de 1 à 4.
Au commun des mortels qui remplit le formulaire d’inscription en ligne dans la fenêtre de 20 jours en juin, les doigts et les orteils croisés en faisant brûler lampions et cierges partout dans la maison en plus de prier tous les saints du ciel, Forbes a évalué ses probabilités de gagner à moins de 0,005 %.
Les chiffres ne sont pas officiels, car l’Augusta National ne laisse rien transpirer au-delà de ses portes closes. Mais selon une estimation de Bookies. com, le club reçoit plus de deux millions d’inscriptions chaque année.
À sa deuxième tentative d’inscription pour l’édition de 2014, Bruno Lachance avait aussi reçu un courriel de félicitations quelques semaines plus tard.
« Par chance que j’étais seul à la maison, car j’ai lâché un long cri de mort », a relaté le véritable passionné de sports qui a surnommé sa man cave la Home of the Masters en raison des centaines d’artefacts à l’effigie du club géorgien.
Selon le sympathique sexagénaire de Québec, une fois que quelqu’un a gagné des badges, il change de « boulier » à ses inscriptions suivantes. Car il a par la suite remporté des billets pour les éditions de 2017, 2018, 2019 et 2022.
Dire qu’en regardant les champions Phil Mickelson et Charl Schwartzel enfiler respectivement leur veston vert en 2010 et 2011, il croyait qu’il ne mettrait jamais les pieds sur la terre sainte du club sur Washington Road.
« Quand tu désires quelque chose, tu fais vraiment tout, mais tout, pour y arriver », a insisté celui qui a mis en place une stratégie pour améliorer ses chances ainsi que celles de ses proches et amis d’un jour déambuler le long des allées immaculées du Augusta National (voir autre texte).
PAS D’ENTOURLOUPETTE
Ceux qui prétendent qu’il suffit de remplir plusieurs formulaires pour augmenter les probabilités de gagner font fausse route. Car le Augusta National ne le permet tout simplement pas. Ce serait trop facile.
Il demande toutes les informations personnelles : nom complet, date de naissance, adresse exacte et même les derniers numéros d’assurance sociale ! Et on raconte qu’il connaît même l’empreinte informatique d’où est rempli le formulaire.
« Ils ne niaisent pas, tout est contre-vérifié, a souligné Foliot. Une fois que les billets sont achetés, toutes les infos doivent concorder entre celui qui a gagné la loterie et celui qui fait le paiement. »
Mardi dernier, dans un trip de gars avec son frère David, son beau-frère Frédéric et son bon ami Jeffrey, avec qui il partage sa passion du sport, il a fait son deuxième pèlerinage dans la cathédrale du golf.
En contemplant l’endroit fourmillant des golfeurs qu’il observe à la télévision, il se pinçait encore d’avoir gagné à cette loterie. La preuve que tout est possible.