Le Journal de Montreal

« Je prendrais “Pou” même à 20 % ! »

La gardienne Ann-Renée Desbiens souligne l’importance de sa capitaine, même incommodée par une blessure

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UTICA, New York | Marie-Philip Poulin participe au Championna­t du monde de hockey féminin malgré une blessure à un genou subie il y a cinq semaines. Sa production offensive en souffre, mais la capitaine demeure un rouage important de la formation canadienne.

Poulin évite de discuter de son état de santé, mais Ann-Renée Desbiens y est allée d’une déclaratio­n qui en dit long sur son empreinte.

« Je prendrais “Pou” dans mon équipe même à 20 % ! » a lancé la gardienne en entrevue au Journal après un récent entraîneme­nt à Utica.

« Elle va toujours donner le meilleur d’elle, jour après jour, en pratique, sur la glace, hors glace. Elle fait des petites choses que les gens ne voient pas, mais que nous, en tant que coéquipièr­es, on remarque. Elle va penser défensivem­ent et ne prendra pas de risque inutile pour avoir plus de points.

« C’est une leader qui continue de travailler fort et de s’améliorer, et je suis confiante qu’elle aura un impact lors des prochains matchs », a poursuivi Desbiens.

Les amateurs sont habitués à voir le nom de Poulin en haut de la liste des meilleures marqueuses. Mais cette fois, elle n’a que deux aides en cinq rencontres.

« C’est sûr que tu veux toujours contribuer, mais l’important, c’est le résultat final pour l’équipe », a-t-elle philosophé.

SAUTER SON TOUR

Les entraîneur­s et le personnel médical ont établi un plan pour réintégrer la numéro 29. On prône la patience.

« Sa progressio­n est très positive au fil des matchs, a assuré l’entraîneus­e adjointe Caroline Ouellette. Elle sera toujours quelqu’un qui prendra d’excellente­s décisions, elle est capable de créer des jeux que plusieurs joueuses ne sont pas capables de voir. »

Reconnue pour sa combativit­é, « ça n’a pas été facile de sauter quelques shifts ». Mais Poulin a encore le souvenir du Mondial de 2019, qu’elle avait raté parce qu’elle « était revenue trop vite » d’une blessure juste avant la compétitio­n.

Et c’est la seule fois depuis le premier Championna­t du monde en 1990 que les Canadienne­s n’avaient pas pris part à la finale, étant surprises par les Finlandais­es en demi-finale.

UN BUT QUAND ÇA COMPTE ?

Formant un nouveau trio en compagnie de Brianne Jenner et de Sarah Fillier, la Beauceronn­e de 33 ans est apparue beaucoup plus à l’aise dans une victoire de 5 à 1 contre la Suède en quarts de finale, jeudi soir.

Elle a été l’attaquante la plus utilisée par l’entraîneur-chef Troy Ryan (17 min 22 s). Elle a obtenu six lancers, dont un dangereux quand elle a débordé une adversaire pour se retrouver seule devant la gardienne suédoise, et a fourni une passe sur le but de Jaime Bourbonnai­s. On sent que son premier but n’est pas loin.

« Il suffit d’en mettre un dedans et des fois, et ça change la dynamique et on se sent mieux », a rappelé Ouellette.

Poulin a même été punie pour une mise en échec illégale, preuve que le jeu robuste ne l’effraie pas.

DOMINANTE POUR LA MISE EN JEU

UTICA, New York | Les membres de la formation canadienne ont été conviés à un brunch plus tôt cette semaine en compagnie de leur famille. Il y avait notamment les trois enfants de Brianne Jenner, le garçon de Natalie Spooner et les deux filles de Caroline Ouellette. Il y avait aussi deux cousines, qui sont de nouveau coéquipièr­es.

Plus jeunes, Julia, 23 ans, et Nicole Gosling, 21 ans, ont joué pour la même équipe à London. Elles ont ensuite pris des chemins différents dans la NCAA, la première évoluant à l’Université St. Lawrence et la seconde à Clarkson.

Les voilà maintenant réunies à un premier Championna­t du monde de hockey féminin. Elles aiment tellement être ensemble qu’elles ont marqué chacune leur premier but avec l’équipe canadienne senior lors d’un match préparatoi­re au Mondial face à la Finlande.

« Juste de se tailler une place avec la formation, c’est rare. Alors de le faire avec sa cousine, c’est vraiment spécial, a indiqué Julia au Journal. Quand j’y pense, je me dis que c’est cool ce que je vis, que c’est aussi cool ce que Nicole vit, et qu’on est chanceuses de pouvoir le faire ensemble. »

UN LIEN FORT

« Je peux seulement essayer de m’imaginer c’est quoi de jouer avec un membre de sa famille. Ça doit être spécial de pouvoir compter l’une sur l’autre et réconforta­nt, a souligné Ann-Renée Desbiens pendant que les principale­s intéressée­s marchaient devant elle. Elles ne sont jamais loin l’une de l’autre ! »

Il suffit de discuter quelques minutes avec les deux jeunes femmes pour comprendre qu’un lien spécial les unit. Elles ont un regard complice et les éclats de rire sont fréquents.

« Nous avons une super relation et ça se transpose sur la patinoire. On peut se parler de plein de choses et se dire nos quatre vérités », a confié Nicole.

L’aînée, une grande attaquante de 5 pi et 10 po, et la plus jeune, une défenseure de 5 pi et 6 po, se retrouvent parfois en même temps sur la glace.

« Enfant, la chimie s’est rapidement installée. Tout est simple et naturel. On se trouve facilement sur la patinoire et on se connaît par coeur, a raconté Julia. Donc, quand nous nous affrontons, je sais parfois ce qu’elle va faire, mais elle arrive à me surprendre ! »

DES PAPAS JUMEAUX

L’histoire particuliè­re des Gosling ne s’arrête pas là. En plus de leur cousine Katelyn qui a fait partie du programme national, il y a leurs pères, Paul et Peter, qui sont des jumeaux identiques !

« Ce sont eux qui nous ont appris à lacer nos souliers, s’est rappelée Julia. Ils nous ont aussi fait pratiquer nos lancers dans le garage ou le sous-sol, même s’ils n’ont jamais vraiment joué au hockey. »

« Ils étaient des joueurs de football », a renchéri Nicole, avant que Julia précise qu’en tant qu’amoureux de sports, « ils ont cherché des moyens de nous rendre meilleures ».

On vous le dit, ces deux filles-là se complètent à merveille. Pas surprenant qu’elles préfèrent être des coéquipièr­es plutôt que des adversaire­s.

BONS MOTS DE LA CAPITAINE

L’intégratio­n des cousines Gosling à la formation nationale s’est déroulée en douceur, notamment grâce à Marie-Philip Poulin, qui, en bonne capitaine, a laissé les deux seules nouvelles recrues canadienne­s au Mondial prendre leur place.

« Au début, elles étaient un peu gênées, mais dans notre culture d’équipe, tout le monde a une voix, un rôle », s’est assuré de spécifier Poulin.

« “Pou” a été très inspirante à mon arrivée. Elle m’a motivée et encouragée à être meilleure. Elle m’a dit d’être moi-même », a relaté Julia, qui aimerait bien pratiquer son français avec Poulin et Desbiens avant de tout oublier, elle qui a déjà été en immersion française à l’école.

« J’essaie d’établir une relation avec “Pou”, a pour sa part soutenu Nicole. C’est tellement une excellente joueuse et tout le monde la regarde. Maintenant, je peux dire que je suis sa coéquipièr­e ! »

QUE LE DÉBUT

Étant des hockeyeuse­s calmes et patientes avec la rondelle, les Ontarienne­s ont rapidement convaincu les vétéranes.

« Julia est grande et forte, alors quand elle va dans le coin, je n’ai aucun doute qu’elle va ressortir avec le disque, a assuré la joueuse de centre Kristin O’Neill. Elles sont très compétitiv­es et elles jouent avec une belle confiance pour leur âge. Elles apportent beaucoup d’énergie. »

« C’est le début de quelque chose de gros pour elles et je suis privilégié­e d’assister à ça, a noté Poulin. Elles sont avec nous pour longtemps. »

En cinq matchs depuis le début du Championna­t du monde de hockey féminin, Julia a inscrit un but et conservé un différenti­el de +6, contre une fiche de +1 pour Nicole.

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La capitaine de la formation canadienne, Marie-Philip Poulin, en action jeudi soir face à la Suède, dans le match de quarts de finale du Championna­t du monde de hockey féminin. En mortaise, la gardienne Ann-Renée Desbiens.
PHOTOS REUTERS ET D’ARCHIVES, MARTIN CHEVALIER Source : Fédération internatio­nale de hockey sur glace La capitaine de la formation canadienne, Marie-Philip Poulin, en action jeudi soir face à la Suède, dans le match de quarts de finale du Championna­t du monde de hockey féminin. En mortaise, la gardienne Ann-Renée Desbiens.
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PHOTO FOURNIE PAR HOCKEY CANADA, HEATHER POLLOCK Julia (à gauche) et Nicole Gosling (à droite) lors d’un entraîneme­nt de l’équipe canadienne. Les cousines participen­t à leur premier Championna­t du monde de hockey féminin.
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