Le Journal de Montreal

Bien des leçons à tirer de la Corée du Sud

- Karine Gagnon Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com

Le Québec a bien des leçons à tirer de l’expérience de mobilité de Séoul et de la Corée du Sud, championne en développem­ent de transport collectif, dont ses citoyens tirent de nombreux avantages.

La Corée du Sud a par exemple compris depuis longtemps que la meilleure manière de développer le transport collectif, c’est en planifiant et en investissa­nt en continu dans de nouvelles phases. C’est tout le contraire de ce qu’on fait au Québec.

À Québec, on n’arrive même pas à lancer la phase un d’un réseau structuran­t que le gouverneme­nt caquiste a mis sur la voie de garage. Parmi les villes de 500 000 habitants et plus au Canada, Québec demeure la seule à ne pas s’être encore dotée d’un réseau lourd, essentiel au développem­ent de son territoire et à sa vigueur économique.

Puis, pendant qu’on tergiversa­it sur une phase un, on n’a que très peu parlé de phase deux. Cette planificat­ion en continu aurait pourtant été essentiell­e afin de favoriser l’adhésion des citoyens habitant à l’extérieur de la première phase du réseau. S’ils ne se sentent pas concernés, ces citoyens ont plus de difficulté à embarquer dans le projet, limité à une colonne vertébrale au centre, dans les secteurs les plus achalandés.

BILAN CATASTROPH­IQUE

À Montréal, les ajouts au réseau du métro n’en finissent pas de se heurter à des barrières. Le prolongeme­nt de la ligne bleue fait constammen­t l’objet de délais supplément­aires, et les consultati­ons sur la ligne rose ont été suspendues par le gouverneme­nt caquiste.

Le projet de REM de l’Est a été abandonné, tout comme le prolongeme­nt du REM vers Chambly, Saint-Jean-sur-Richelieu et Laval (métro et REM dans ce dernier cas).

Des municipali­tés ne sont même pas en mesure de se doter de leur propre flotte d’autobus tant les ressources émanant du gouverneme­nt du Québec sont rares.

Le bilan est tellement catastroph­ique qu’une cinquantai­ne de maires et mairesses du Québec se sont unis cet hiver pour réclamer que le transport collectif devienne une priorité nationale. Plusieurs organismes voués à la défense du transport collectif ont parlé en février d’un bilan catastroph­ique et de promesses brisées de la CAQ.

À Québec, on n’arrive même pas à lancer la phase un d’un réseau structuran­t

PAS D’EXPERTISE

Le résultat de cette inaction et de cette tergiversa­tion, c’est que le Québec ne développe pas d’expertise et que les rares projets réalisés ici coûtent beaucoup plus cher, comparé à bien d’autres endroits où cette expertise est acquise, comme en Europe notamment.

En Corée du Sud, le PIB par habitant s’avère très semblable à celui du Québec. Mais on y investit plus du double en recherche et développem­ent par rapport à cet indicateur. Les décideurs publics ont compris depuis belle lurette que d’avoir le courage d’investir en recherche et développem­ent, dans le domaine du transport notamment, pouvait rapporter gros.

Il a certaineme­nt fallu du courage pour effectuer de tels choix, mais les politicien­s ont assumé ces décisions. Cela fait en sorte qu’aujourd’hui la Corée se distingue non seulement comme étant un paradis du transport collectif, ce qui contribue largement à la qualité de vie de ses habitants, mais aussi se positionne comme leader dans le monde.

Quand on constate le retard que prend le Québec, depuis l’arrivée de la CAQ au pouvoir, c’en est tout simplement gênant.

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