Le Journal de Montreal

Poulin se lève au meilleur moment

Danielle Serdachny a procuré l’or aux Canadienne­s avec son but gagnant en prolongati­on

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UTICA, New York | Marie-Philip Poulin a choisi le bon match pour inscrire ses deux premiers buts du tournoi, aidant les Canadienne­s à être sacrées championne­s du monde du hockey féminin, hier, aux dépens de leurs éternelles rivales américaine­s.

Malgré une blessure à un genou, la Québécoise a fait honneur à son surnom de « Capitaine Clutch » – elle a notamment touché la cible dans quatre finales olympiques, inscrivant trois buts gagnants –, égalant le pointage à 3 à 3 en fin de deuxième période et donnant les devants aux visiteuses 5 à 4 au troisième engagement, dans un match complèteme­nt fou que le Canada a finalement emporté 6 à 5 en prolongati­on.

C’est finalement Danielle Serdachny qui a tranché le débat pendant une pénalité aux États-Unis pour avoir eu trop de joueuses sur la patinoire. La jeune attaquante de 22 ans s’est emparée d’un retour de lancer de la défenseure Erin Ambrose pour procurer un 13e titre mondial à son pays.

« C’était une game vraiment exceptionn­elle. Les émotions... on gagnait, elles revenaient, elles prenaient l’avance, on revenait, a énuméré Poulin en se tenant la tête à deux mains. C’était cool de faire partie de ça. C’est pour ça que tu t’entraînes, que tu fais des répétition­s en extra dans le gym et que tu restes plus longtemps sur la glace après une pratique. »

AUCUN DOUTE

Jamais, Ann-Renée Desbiens n’a été inquiète pour son amie qui a progressé à chaque match, « même si ça aurait facile de se fâcher après une partie qui a moins bien été », selon les propres dires de Poulin.

« Elle carbure pour des moments comme ça, son coeur est toujours là, elle va bloquer les lancers, elle va faire les bonnes choses, elle va compter des buts importants, a vanté la gardienne québécoise, auteure de 18 arrêts. Il y en a beaucoup qui étaient sceptiques, mais moi, ça ne m’a jamais traversé l’esprit. »

« C’est la joueuse qui est la plus dominante au hockey féminin, c’est la joueuse qui a le plus gros impact dans les moments importants. Elle l’a encore démontré aujourd’hui [hier]. J’arrête de compter le nombre de fois qu’elle le fait », a ajouté Desbiens.

DES CHANCES POUR « POU »

Sur sa première réussite, Poulin semblait envisager de passer la rondelle et l’arrière Megan Keller a mordu à l’hameçon, laissant le champ libre à la capitaine à la feuille d’érable pour décocher un boulet de canon dans la lucarne.

« Pou » s’y est ensuite prise quatre fois avant de finalement pousser le disque derrière Aerin Frankel, qui avait signé un record avec quatre blanchissa­ges au tour préliminai­re, dont une victoire de 1 à 0 en prolongati­on face au Canada.

La numéro 29 aurait pu réussir un tour du chapeau et même plus, car elle a bien failli ouvrir le bal, bien postée devant la cage de Frankel. Tout le monde a cru qu’elle avait redirigé le tir de la pointe d’Ambrose. Mais le but est allé à la fiche de l’arrière du club de Montréal, dans la Ligue profession­nelle de hockey féminin.

De plus, Poulin a raté la cible lors d’une échappée à la période supplément­aire.

« Bon Dieu que cette fille est formidable, a lancé une Ambrose admirative. Deux buts dans une finale pour l’or, encore ! Mais ce n’est pas seulement ça, c’est aussi tout ce qu’elle fait au quotidien.

« C’est notre capitaine, notre leader et peu importe où Pou va, nous allons la suivre sans poser de question. Elle est la meilleure joueuse que le hockey n’a jamais connue et je vais le répéter jusqu’à ma mort. »

PÉNALITÉ COÛTEUSE

Cependant, la Beauceronn­e de 33 ans a eu chaud quand sa grande rivale Hilary Knight a marqué en troisième, lorsqu’elle était clouée au banc des pénalités pour une mise en échec illégale. L’impact semblait accidentel, mais la reprise a montré qu’elle avait levé le coude lors de la collision avec Britta Curl.

« On rêve de jouer dans un tel match, avec des batailles de tous les instants, on

traverse la patinoire dans les deux sens à haute vitesse. Je ne peux pas être plus fière de notre groupe », a souligné Knight.

JOUER LES TROUBLE-FÊTE

Le Canada a ainsi joué le même tour que celui que les Américaine­s leur avaient réservé en cassant le party l’an dernier en finale à Brampton, en Ontario.

La troupe de Troy Ryan a réussi à faire fi des 4000 bruyants spectateur­s à l’Adirondack Bank Center d’Utica. Malgré la présence de plusieurs centaines de partisans de l’unifolié, les « USA, USA, USA ! » étaient quasiment impossible­s à enterrer.

Il fallait un but de l’ennemi juré pour réussir à calmer les ardeurs des amateurs américains. Mais chaque fois qu’Ambrose, la recrue Julia Gosling, Poulin ou Emily Clark enfilaient l’aiguille, la réplique des États-Unis ne se faisait pas attendre. Jamais, au cours de cette rencontre, il n’y a eu d’avance de plus d’un filet.

En fait, huit des neuf dernières finales entre les deux pays se sont soldées par un écart d’un point.

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PHOTOS AFP Les joueuses de l’équipe canadienne ont sauté de joie sur Danielle Serdachny après qu’elle eut marqué le but gagnant en prolongati­on en finale du Championna­t mondial de hockey féminin, hier. En mortaise, la Québécoise Marie-Philip Poulin, qui tente de venir à bout de la gardienne Aerin Frankel sur la photo ci-contre, a inscrit ses deux premiers buts du tournoi en finale.

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