Le Journal de Montreal

Le Québec : véritable champ de mines

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De retour d’un périple aux États-Unis, j’ai encore une fois pu constater à quel point, là-bas, les routes sont dans un état exceptionn­el. Certes, les conditions météorolog­iques de l’Arizona et de la Californie n’ont rien à voir avec les nôtres, mais le même constat s’applique au Vermont, à l’État de New York, voire à l’Ontario.

Leurs routes sont de véritables tables de billard. Elles sont bien entretenue­s, refaites ou pavées dans les règles de l’art, bref, tout le contraire de celles du Québec. Certes, on peut pointer du doigt la gestion ridicule de nos réseaux routiers et des fonds pour les entretenir, cependant cela n’explique pas qu’elles se détérioren­t à la vitesse grand V, au point de ressembler à des champs de mines…

Encore cette année, la rue Notre-Dame est la plus endommagée de notre ville, selon moi. Parce que même les routes non pavées que l’on juge difficilem­ent praticable­s sont dans un état moins lamentable que cette rue fortement achalandée, que l’on « patche » comme des idiots sans jamais nous demander s’il faudrait faire le travail autrement. Tout ça, pendant que l’on aménage de belles pistes cyclables, sur lesquelles les automobili­stes auraient bien envie de circuler ! Remarquez, j’imagine que les cyclistes eux-mêmes peuvent se plaindre du réseau leur étant destiné, parce que l’état de l’asphalte n’est sans doute pas beaucoup plus impression­nant.

Qu’à cela ne tienne, je peux vous dire sans l’ombre d’un doute que parmi les pays industrial­isés, le Québec est le champion des routes défoncées ! Or, plutôt que de se retrousser les manches en choisissan­t collective­ment de régler le problème, on préfère chaque année « rigoler » avec un palmarès des pires routes du Québec… Un répertoire instauré par CAA-Québec qui, selon cette organisati­on, permettrai­t aux villes concernées de réparer leurs chaussées endommagée­s en obtenant les fonds nécessaire­s à leur réparation. Vous pouvez d’ailleurs voter pour la pire route sur le site de l’organisme, qui compile chaque année les données pour en arriver à un résultat. Oh, surprise, cette nomination comporte annuelleme­nt la rue NotreDame à Montréal et l’avenue Christophe-Colomb ! L’an dernier, la palme d’or était toutefois remportée par la rue Georges située à Gatineau, autre endroit où les voies sont généraleme­nt en piteux état. Hélas, plus les années passent, plus c’est pareil. Les routes ciblées semblent traverser une zone de guerre, malgré ces tristes nomination­s. Et même si on peut constammen­t y apercevoir des entraves et d’innombrabl­es cônes orange, rien ne s’améliore.

CULTURE

Alors, est-ce que l’inefficaci­té et l’incompéten­ce de nos administra­teurs et de nos entreprise­s québécoise­s à réparer adéquateme­nt les routes font désormais partie de notre culture ? Est-il normal que la réparation des routes coûte chez nous plus cher que partout ailleurs au pays ? Comment se fait-il donc que nous soyons si « gnochons » ? Et surtout, que nous acceptions la situation comme si tout ça était normal ?

Bien sûr, j’entends déjà les administra­teurs, doués dans l’art de multiplier les excuses, nous dire que le gel et le dégel accélèrent la détériorat­ion de nos routes. Mais n’est-ce pas la même situation ailleurs au pays et dans le nord des États-Unis ? Je me souviens un jour d’avoir entendu en entrevue la ministre Guilbault affirmer vouloir éliminer les cônes orange inutiles du réseau routier. Histoire d’améliorer le paysage, mais aussi dans l’optique de réduire cette impression que la province entière est en constante reconstruc­tion. Voilà un premier geste qui aurait pu être positif. Force est de constater que ces efforts n’ont pas été déployés.

LES PLUS BELLES ROUTES

Bien sûr, je suis très conscient que cette culture du travail bâclé et facturé à haut prix n’est pas sur le point de changer. Et un répertoire des routes les plus endommagée­s n’y fera rien non plus. Nous en avons la preuve… Et si le CAA-Québec choisissai­t plutôt de faire la liste des dix plus belles routes du Québec ? Les plus invitantes, les plus agréables et surtout, les mieux entretenue­s ? Ne serait-ce pas là une belle façon d’inciter les municipali­tés à vouloir faire partie de ce palmarès ?

En circulant récemment sur la route 155 menant vers La Tuque, j’ai pu – pour la première fois depuis longtemps – constater qu’il y avait encore de belles routes au Québec. « En voilà une ! » me suis-je dit. Une route en bon état, exempte de cônes orange et sur laquelle il est agréable de rouler. Peut-être avez-vous aussi une route québécoise en tête ?

En attendant, vous pouvez toujours continuer de voter pour ces routes qui font de nous la risée internatio­nale, et que l’on « réparera » d’ici quelques mois avec quelques mottes d’asphalte et deux coups de pelle…

Tout ça, pendant que l’on aménage de belles pistes cyclables, sur lesquelles les automobili­stes auraient bien envie de circuler !

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