Un avocat accusé à tort de porno juvénile part en croisade
Il réclame 4,6 M$ à la police de Laval et au gouvernement québécois
Un avocat accusé à tort d’avoir distribué de la pornographie juvénile avant d’être blanchi trois ans plus tard poursuit maintenant la police de Laval et l’État québécois pour 4,6 M$.
Jean Berthelot, un passionné de photographie et avocat qui pratiquait en droit du travail, a déposé vendredi une poursuite civile en Cour supérieure dans laquelle il reproche plusieurs fautes graves à trois policières du Service de police de Laval (SPL) et à une procureure de la Couronne.
Notre Bureau d’enquête a révélé cette affaire en décembre dernier, qui a pris naissance à la fin de 2020.
Les policiers du SPL avaient alors arrêté Berthelot et perquisitionné sa résidence, prétextant qu’il avait transmis une image sexuelle d’une enfant nue de 6 ans à une femme avec qui il échangeait sur Facebook.
Selon la requête judiciaire de 47 pages que nous avons consultée, Berthelot accuse la police d’avoir « bâclé l’enquête » et d’avoir agi d’une « façon malicieuse ».
Il estime que les manoeuvres des autorités démontrent de la « négligence ou l’intention arrêtée de soustraire » des informations à l’intention de la défense qui auraient pu rapidement conclure à son innocence.
Berthelot a plutôt dû attendre plus de trois ans — durant lesquels il a eu des difficultés à trouver un emploi, subi des pertes financières majeures en plus d’avoir eu des idées suicidaires — avant d’être blanchi en novembre dernier.
« NÉGLIGENCE GRAVE »
Rappelons que toute cette affaire avait débuté par un signalement de Facebook aux autorités, en juillet 2020.
La police aurait toutefois négligé de vérifier auprès de Facebook si un être humain avait confirmé l’envoi de cette image, car les alertes proviennent d’algorithmes du réseau et doivent être confirmées avant de les considérer comme exactes, soutient Berthelot.
L’homme de 61 ans blâme aussi les policières pour avoir sciemment cherché à obtenir sa condamnation pour possession de pornographie juvénile.
Ces dernières avaient notamment fait déposer en preuve deux photos d’enfants nus qui faisaient partie d’un album de 600 photos prises par sa fille au cours d’un voyage humanitaire en Afrique.
ACHARNEMENT DE L’ÉTAT
Quant à la procureure de la Couronne, il la blâme d’avoir déposé des accusations criminelles sans preuve suffisante contre lui et d’avoir agi avec acharnement en refusant d’admettre jusqu’à la dernière minute que ces deux photos ne constituaient pas de la pornographie juvénile.
Elle « a fait preuve de négligence grave et de nonchalance dans la gestion du dossier », peut-on lire dans la requête.
Jean Berthelot réclame maintenant un total de 4,6 M$ aux autorités, dont un million de dollars pour atteintes graves à la réputation, plus d’un million de dollars en pertes salariales et plus de 2,5 M$ en dommages divers.