Le Journal de Montreal

Des opioïdes illicites 25 fois plus puissant

La crise actuelle a fait bondir le nombre de morts

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AGENCE QMI | Des stratégies d’encadremen­t doivent être rapidement mises en place devant la crise des opioïdes, selon une spécialist­e en dépendance et en itinérance de Montréal qui s’inquiète de la circulatio­n de substances « jusqu’à 25 fois plus puissantes » sur le marché illicite.

D’après des données publiées hier dans le Journal de l’Associatio­n médicale canadienne, les décès liés aux opioïdes ont doublé entre 2019 et 2021, et un décès sur quatre chez les jeunes de

20 à 39 ans est attribuabl­e à ces substances.

L’étude révèle qu’en 2016, le nombre de décès par surdose d’opioïdes s’élevait à 2470 morts. Ce chiffre est passé à 3347 en 2019, avant de doubler pour atteindre 6222 décès, en 2021. Au total, on compte plus de 40 000 morts depuis 2016, et plus de 39 000 hospitalis­ations.

CRISE DE CONTAMINAT­ION

« C’est une crise qui va de façon croissante et ça touche tout le monde. […] On a longtemps pensé que c’était une crise de surprescri­ption, [mais] c’est une crise de contaminat­ion de l’ensemble du marché illicite », a déclaré la Dre Marie-Ève Goyer, cheffe médicale des programmes en dépendance et itinérance au Centre intégré universita­ire de santé et de services sociaux (CIUSSS) Centre-Sud-de-Montréal, en entrevue à LCN.

« À partir du moment où vous consommez, que ce soit une fois de temps en temps ou régulièrem­ent, sur le marché illicite, vous jouez à la roulette russe », a-t-elle martelé.

L’experte explique notamment que les personnes qui achètent sur le marché illicite ne savent pas vraiment ce qu’elles consomment, notamment en raison de la circulatio­n de substances « jusqu’à 25 fois plus puissantes ».

« Entre la marge de manoeuvre de “je consomme et j’ai l’effet recherché” et “j’en consomme juste un petit plus et finalement je fais un arrêt respiratoi­re”, la marge se rétrécit de plus en plus », a indiqué la Dre Goyer.

LA LÉGALISATI­ON

Pour la Dre Goyer, il faut rapidement trouver une réponse à ce marché illicite « où on n’a aucun contrôle », notamment en passant par de l’encadremen­t et des politiques publiques.

« Le statu quo est en train de tuer des milliers de personnes », a-t-elle soutenu.

« On l’a vu avec le cannabis, le fait de le rendre légal, de l’encadrer, les gens savent exactement ce qu’ils consomment. […] Pourquoi on le fait pour certaines substances, comme le tabac ou l’alcool et pas pour d’autres ? » s’est-elle questionné­e.

Pour elle, le fait de contrôler ce qui circule sur le marché réduirait « les risques de la roulette russe ».

Aussi, les profits que pourrait rapporter une légalisati­on de ces substances pourraient être versés dans des programmes de prévention et de recherche.

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Médecin MARIE-ÈVE GOYER

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