Le Journal de Montreal

Rien ne freine les dépenses

Ottawa prévoit des déficits de près de 40 G$, au point où la TPS ne sert qu’à rembourser les intérêts de la dette

- RAPHAËL PIRRO

C’est un soulagemen­t à un «moment

où les Canadiens se sentent vraiment sous pression. Soyons clairs : cela n’aurait jamais eu lieu si les néo-démocrates n’avaient pas forcé les libéraux à accorder ces aides. »

– Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratiq­ue

«Trudeau,

C’est le budget de Justin

des libéraux et du NPD qui essaient de se gosser une bouée de sauvetage dans leur détresse électorale actuelle. Et ce sont les Québécois et les Canadiens qui font les frais de cette détresse irresponsa­ble […] »

– Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois

«mères

C’est des soudeurs, des

monoparent­ales, des aînés qui payent la facture pour Justin Trudeau. C’est eux autres qui payent l’inflation que les déficits de Justin Trudeau ont causée. »

– Pierre Poilievre, chef du Parti conservate­ur du Canada

OTTAWA | Sitôt gagné, sitôt dépensé. Le gouverneme­nt Trudeau pige dans les poches des plus fortunés et profite de meilleurs revenus que prévu pour financer 58 G$ en nouvelles dépenses de toutes sortes.

Le retour à l’équilibre budgétaire, lui, est encore une fois repoussé aux calendes grecques à Ottawa.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, s’est tout de même vantée, lors du dépôt de son budget hier, de gérer les finances fédérales de manière « responsabl­e » en annonçant un déficit de 40 milliards $, respectant ainsi un gardefou qu’elle s’était imposé à l’automne.

Il n’en demeure pas moins que les frais de la dette atteignent des sommets.

L’augmentati­on des dépenses par le fédéral conjuguée à des taux d’intérêt élevés les pousse à plus de 54 G$, soit l’équivalent des revenus par la taxe TPS.

« Pour la première fois de l’histoire, la TPS sert entièremen­t à payer les frais d’intérêt. Il n’y a pas une cenne de la TPS qui sert à autre chose qu’à payer des intérêts sur la dette », note le fiscaliste Luc Godbout.

TAXER LES RICHES

Grâce à la meilleure performanc­e de l’économie et à une nouvelle taxe sur les gains en capitaux (voir autre texte en page 45), le budget Freeland indique une marge de manoeuvre de quelque 50 G$, qui a été aussitôt dépensée.

« Aujourd’hui, un charpentie­r ou une infirmière peut payer des impôts à un taux marginal plus élevé qu’un multimilli­onnaire. Ce n’est pas juste. Cela doit changer. Et cela changera », a justifié la ministre Freeland aux Communes lors du dépôt de son budget.

Comme déjà dévoilé au cours des dernières semaines dans le cadre des multiples annonces des libéraux, le budget prévoit d’importante­s sommes en logement, mais Mme Freeland avait tout de même gardé quelques cartes dans sa manche. (voir ci-contre)

RECONQUÉRI­R LES JEUNES

La ministre soutient qu’il en va de l’équité entre les génération­s.

Le budget fédéral de 2024 a pour objectif principal de reconquéri­r les millénaria­ux et la génération Z, public qui délaisse de plus en plus les libéraux au profit des conservate­urs de Pierre Poilievre.

Dans ce contexte, l’équilibre budgétaire demeure toujours un horizon infranchis­sable, même s’il est prévu que le déficit fonde de moitié à 20 milliards $ d’ici 2028-2029.

Ainsi, le gouverneme­nt fédéral ne s’est pas contraint à un « budget restrictif », selon Luc Godbout, de l’Université de Sherbrooke.

 ?? PHOTO REUTERS ?? Bien que le retour à l’équilibre budgétaire soit encore une fois repoussé, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, s’est vantée hier lors du dépôt de son budget de gérer les finances fédérales de manière « responsabl­e », applaudie par le premier ministre Justin Trudeau.
PHOTO REUTERS Bien que le retour à l’équilibre budgétaire soit encore une fois repoussé, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, s’est vantée hier lors du dépôt de son budget de gérer les finances fédérales de manière « responsabl­e », applaudie par le premier ministre Justin Trudeau.

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