Le Journal de Montreal

La CAQ se dit impuissant­e devant le coût du pont

Même la ministre Geneviève Guilbault reconnaît la facture élevée de remplaceme­nt

- MARC-ANDRÉ GAGNON – Avec la collaborat­ion de Vincent Desbiens

À tout près de 3 milliards $, le coût de remplaceme­nt du pont de l’île d’Orléans « est élevé », a reconnu Geneviève Guilbault, mais reprendre le processus d’appel d’offres aurait retardé sa mise en service de trois ans.

« C’est un projet qui a traîné longtemps », a déploré d’entrée de jeu la ministre des Transports et de la Mobilité durable.

« Ça fait vraiment longtemps qu’on parle du fait que le pont de l’île d’Orléans doit être reconstrui­t », a-t-elle rappelé, lors d’une conférence de presse.

Comme révélé hier, le coût de constructi­on d’un futur pont à haubans pour relier l’île à Québec se chiffre à 2,759 milliards $, en incluant la démolition d’ici 2033 du pont actuel, qui sera alors quasi centenaire.

Québec refuse de préciser à combien se chiffrait l’estimation de départ, mais on sait que depuis le dévoilemen­t du concept préliminai­re en 2020, les coûts ont explosé.

En 2014, le chiffre de 400 millions $ avait circulé, mais pour éviter de nuire aux appels d’offres, le gouverneme­nt s’était borné à parler d’un projet de « quelques centaines de millions ».

Au terme d’un processus d’appel d’offres en deux étapes, au cours duquel trois consortium­s s’étaient qualifiés, deux seules propositio­ns ont été déposées pour la conception-constructi­on du pont, avec un écart de 700 millions $ entre elles.

La moins chère, qui se chiffre à 1,856 milliard $, a été présentée par le consortium Groupe Héritage Île-d’Orléans (Dragados Canada inc. et EBC inc.).

Après moult discussion­s au conseil des ministres, le contrat a été signé le 2 avril.

« C’EST TROP VITAL »

« Il fallait aller de l’avant », a résumé la ministre Guilbault, en invoquant notamment les enjeux de sécurité avec le vieux pont actuel, qui demeure l’unique lien routier pour les 7000 insulaires, qui est aussi emprunté par 800 000 touristes par année.

« On ne peut pas faire l’économie d’un nouveau pont à l’île d’Orléans : c’est trop important et c’est trop vital », a dit la vice-première ministre, en parlant d’une « décision responsabl­e et nécessaire ».

Comme il s’agit d’un lien essentiel de désenclave­ment pour les insulaires, la possibilit­é d’imposer un péage n’a pas été considérée.

En tout, 14 scénarios ont été analysés. Même celui de la rénovation du pont actuel a été exploré, mais cette option revenait plus chère que de construire un nouveau pont.

NOUVEAU MODE

Facteur à considérer pour expliquer la facture : c’est notamment en raison d’un nouveau mode d’adjudicati­on de contrats que les coûts ont explosé.

C’est désormais la formule à forfait (conception-constructi­on) qui est employée dans les chantiers d’infrastruc­ture majeurs, d’après le président de l’Associatio­n profession­nelle des ingénieurs du gouverneme­nt du Québec (APIGQ), Marc-André Martin.

« Le consortium doit prévoir lui-même les réserves nécessaire­s en cas de dépassemen­ts de coûts, de pénurie de matériaux, de problèmes techniques, etc. On donne les clés à l’entreprene­ur et c’est lui qui devra assumer tous les risques une fois le contrat signé », résume-t-il.

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