Le Journal de Montreal

Il a parlé à sa soeur deux fois avant de mourir

L’un des pompiers décédés à Saint-Urbain l’année dernière avait pourtant mentionné que tout allait bien

- DOMINIQUE LELIÈVRE

LA MALBAIE | La soeur d’un pompier volontaire décédé lors des inondation­s dans Charlevoix dit lui avoir parlé deux fois au téléphone avant qu’il sombre dans la rivière du Gouffre. Alors sur l’eau, il voulait la rassurer malgré la présence de vagues.

C’est le coeur très lourd et les yeux humides que Kathy Lavoie, la soeur de Régis Lavoie, s’est présentée devant la coroner Andrée Kronström, hier, au deuxième jour de l’enquête publique sur la mort de son frère et d’un autre pompier, il y a près d’un an à Saint-Urbain, dans Charlevoix.

Elle a expliqué que son frère et l’autre victime, Christophe­r Lavoie, se sont rendus chez elle, l’avant-midi du 1er mai 2023.

Régis Lavoie voulait utiliser l’Argo, un véhicule amphibie, appartenan­t à sa soeur et son conjoint, car il était plus accessible que le sien.

Il avait reçu un appel et devait aller sauver deux personnes prises dans leur maison, a-t-il spécifié à sa soeur qui était inquiète.

« C’est un champ d’eau, il n’y a pas de danger », aurait-il dit pour la rassurer.

Rappelons que c’est en essayant de franchir un champ inondé pour secourir les sinistrés que le duo a dérivé vers la rivière.

Une fois sur l’eau, il tente encore de rassurer sa soeur. « Il n’y a rien qui se passe, ça va bien », aurait-il certifié durant un premier appel.

Quelques minutes plus tard, c’est elle qui téléphone à son frère. « Il m’a juste dit : “il commence à avoir des vagues, mais ça va bien aller”, pis ça a fait pouf, ça a raccroché », a-t-elle relaté. Ses autres appels sont demeurés sans réponse.

« Il a dit qu’il n’y avait aucune autre propositio­n à la ville » et il aurait offert d’utiliser l’Argo, a précisé Mme Lavoie dans une mêlée de presse.

MANQUE D’ÉQUIPEMENT ?

Disant que son frère était comme un fils pour elle, Mme Lavoie se questionne sur ce présumé manque d’équipement disponible pour le sauvetage.

« Oui, on est frustrés, mais que voulezvous : mon frère aurait sacrifié sa vie et il l’a fait », dit la dame.

Selon ce qui se dégage des témoignage­s, Régis Lavoie avait pris soin d’attacher un moteur de bateau à son Argo.

Le véhicule était toutefois muni de chenilles, ce qui pourrait avoir nui à sa progressio­n dans l’eau.

BEAUCOUP D’ÉMOTION

Ce fut une autre journée très chargée en émotion pour les familles endeuillée­s.

En début de journée, le père de Christophe­r Lavoie a rappelé à la coroner, avec la gorge serrée, que son fils aurait eu 24 ans, aujourd’hui. Durant l’avant-midi, il a quitté le palais de justice.

Par ailleurs, un haut gradé de la Sûreté du Québec a relaté les efforts de recherche et de sauvetage dans les premières heures, qualifiant de « rapide » l’arrivée de l’hélicoptèr­e dans le ciel de Charlevoix dès 16 h 50 le 1er mai.

Ce n’est toutefois que le 3 mai que les corps ont été localisés, après la baisse du niveau de l’eau.

 ?? PHOTO DÉPOSÉE À L’ENQUÊTE PUBLIQUE DE LA CORONER ET PHOTO DOMINIQUE LELIÈVRE ?? Régis Lavoie (à l’arrière près du moteur) et son beau-frère Alain Tremblay (aux commandes) sont photograph­iés en 2022, sur le véhicule utilisé lors du sauvetage mortel de Saint-Urbain. En mortaise, Kathy Lavoie, soeur du défunt Régis Lavoie, et son mari, Alain Tremblay.
PHOTO DÉPOSÉE À L’ENQUÊTE PUBLIQUE DE LA CORONER ET PHOTO DOMINIQUE LELIÈVRE Régis Lavoie (à l’arrière près du moteur) et son beau-frère Alain Tremblay (aux commandes) sont photograph­iés en 2022, sur le véhicule utilisé lors du sauvetage mortel de Saint-Urbain. En mortaise, Kathy Lavoie, soeur du défunt Régis Lavoie, et son mari, Alain Tremblay.

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