Le Journal de Montreal

Un autre campement de sans-abris démantelé dans la métropole

Des intervenan­ts appellent la Ville de Montréal à la tolérance

- ANOUK LEBEL

Des sans-abris qui avaient installé leurs tentes aux abords de l’Accueil Bonneau, dans le Vieux-Montréal, ont reçu un avis d’éviction et devront se relocalise­r, ce qui est tristement devenu pour eux une routine.

« On passe quelques mois à un endroit, on se fait mettre dehors, on va ailleurs et ça recommence », se résigne Kamila Kudlackovl­a.

La jeune femme originaire de Toronto déménage d’un campement à l’autre depuis son arrivée à Montréal il y a trois ans.

Elle a planté sa tente sur le mont Royal, puis à Saint-Henri, sous un pont au centre-ville.

Depuis deux semaines, elle a déposé ses pénates à quelques mètres de la tente d’un homme qui affirme avoir passé l’hiver dans ce parc de la rue de la Commune.

AVIS D’ÉVICTION

« On a reçu notre avis d’éviction. On doit partir d’ici demain », lance ce dernier, qui n’a pas voulu donner son identité.

Connu des intervenan­ts de l’Accueil Bonneau, il était le dernier occupant du terrain, où il y a eu sept ou huit tentes la dernière année. Mme Kudlackovl­a est venue se joindre à lui, faute d’endroit où aller.

« Dans les refuges, il n’y a pas de place tous les soirs. Et il faudrait que j’entrepose mes affaires quelque part », dit-elle.

Elle assure qu’elle aura quitté les lieux d’ici demain, mais ignore où elle ira.

APPEL À LA TOLÉRANCE

Le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérante­s de Montréal dénonce le fait que ce type d’interventi­on soit devenu une routine dans la métropole. « On appelle la Ville à faire preuve de tolérance. Il n’y a pas d’alternativ­e pour les personnes qu’on démantèle, qu’on déplace et qu’on met à risque », plaide la directrice, Annie Savage.

Elle rappelle que le phénomène des campements de sans-abris a pris de l’ampleur depuis le début de la pandémie, dans le centre-ville, mais aussi dans l’est, dans Saint-Henri et même dans l’ouest de l’île.

Selon elle, il faut investir pour offrir davantage de places en hébergemen­t d’urgence 24/7, mais aussi, et surtout, dans le logement. « C’est tout ce que les gens demandent, un logement décent », dit-elle.

 ?? PHOTO ANOUK LEBEL ?? Les deux derniers campeurs du terrain près de l’Acceuil Bonneau, dans le Vieux-Montréal.
PHOTO ANOUK LEBEL Les deux derniers campeurs du terrain près de l’Acceuil Bonneau, dans le Vieux-Montréal.

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