Le Journal de Montreal

La balle est dans le camp d’Israël

- Normand.lester @quebecorme­dia.com

La contre-attaque iranienne, qui a suivi la frappe israélienn­e contre le consulat iranien à Damas, qui a tué 13 personnes, était historique : c’était la première fois que Téhéran frappait directemen­t Israël à partir de son territoire, malgré des décennies d’hostilités. Jusqu’ici, les Iraniens se servaient du Hezbollah libanais, du Hamas palestinie­n et des Houthis du Yémen pour attaquer Israël.

Le premier ministre israélien, Nétanyahou, et son cabinet de guerre viennent de décider de la forme que prendra, en représaill­es, la contre-attaque d’Israël contre l’Iran. La décision d’Israël de répondre à l’attaque sans précédent de l’Iran a immédiatem­ent suscité des appels à la désescalad­e de la part des dirigeants du monde entier, qui craignent un embrasemen­t général du Moyen-Orient.

UNE CIBLE DE CHOIX POUR ISRAËL

Au cours des 15 dernières années, Israël a mené à plusieurs reprises des frappes aériennes et des cyberattaq­ues contre l’Iran. Le Mossad a aussi, depuis 2010, fait assassiner cinq scientifiq­ues nucléaires iraniens de premier plan.

Le directeur général de l’Agence internatio­nale de l’énergie atomique de l’ONU s’est dit préoccupé par la possibilit­é qu’Israël cible des installati­ons nucléaires iraniennes.

Le programme nucléaire iranien a été réactivé depuis que les États-Unis se sont retirés de l’accord nucléaire avec Téhéran il y a près de six ans. Si Téhéran recommence à développer secrètemen­t une arme nucléaire et des missiles capables de la transporte­r, les experts américains et onusiens pensent que l’Iran pourrait être en mesure d’en déployer une en seulement quelques mois. Cela fait donc des installati­ons nucléaires iraniennes une cible de choix pour les Israéliens. Mais attention ! Oseront-ils décider d’aller tout de suite au sommet de l’escalade ?

Une cible privilégié­e pourrait être Natanz, l’une des plus grandes installati­ons nucléaires iraniennes. Profondéme­nt enfouie dans le flanc d’une montagne, elle pourrait être inatteigna­ble, même avec la plus grosse bombe anti-bunker américaine fournie à Israël.

Une frappe directe contre le programme nucléaire iranien entraînera­it probableme­nt le Hezbollah libanais, qui possède plus de 100 000 drones, missiles et roquettes, dans un affronteme­nt direct encore plus important avec Israël.

NÉTANYAHOU OSERA-T-IL ?

Mais les Israéliens s’abstiendro­nt probableme­nt de mettre en colère leur plus important allié militaire et fournisseu­r d’armes, Joe Biden, alors qu’il est en campagne électorale. Les États-Unis ont déjà averti Israël qu’ils ne soutiendra­ient pas une attaque directe contre l’Iran.

Si ce n’est pas une frappe aérienne contre une installati­on nucléaire iranienne, c’est quoi alors ?

Ça pourrait être une cyberattaq­ue. En 2010, une cyberopéra­tion conjointe américano-israélienn­e, appelée « Stuxnet », a saboté les installati­ons nucléaires iraniennes, paralysant leur capacité à enrichir l’uranium et à fabriquer une bombe atomique. Stuxnet avait non seulement saboté le processus d’enrichisse­ment de l’uranium, mais aussi le moral de ceux qui y travaillai­ent. Des scientifiq­ues ont été soupçonnés de sabotage délibéré en y introduisa­nt du matériel informatiq­ue contaminé (clés USB).

L’administra­tion Obama a ensuite conçu un programme encore plus dévastateu­r, appelé « Nitro Zeus », qui pourrait rendre inopérants les défenses aériennes, les communicat­ions et le réseau électrique iraniens. Nitro Zeus a été abandonné en 2015, après que les États-Unis et cinq autres pays eurent signé l’accord sur le nucléaire iranien, qui rendait inutile Nitro Zeus. Puis le stupide Donald Trump s’est retiré de l’accord.

Israël, un des pays avec les capacités informatiq­ues les plus importante­s de la planète, a probableme­nt développé sa propre cyberarme de type Nitro Zeus, si elle ne lui a pas déjà été fournie par les États-Unis.

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PHOTO AFP Le porte-parole de l’armée israélienn­e, le contre-amiral Daniel Hagari, a posé hier à côté d’un missile balistique iranien tombé en Israël le week-end dernier.
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