La balle est dans le camp d’Israël
La contre-attaque iranienne, qui a suivi la frappe israélienne contre le consulat iranien à Damas, qui a tué 13 personnes, était historique : c’était la première fois que Téhéran frappait directement Israël à partir de son territoire, malgré des décennies d’hostilités. Jusqu’ici, les Iraniens se servaient du Hezbollah libanais, du Hamas palestinien et des Houthis du Yémen pour attaquer Israël.
Le premier ministre israélien, Nétanyahou, et son cabinet de guerre viennent de décider de la forme que prendra, en représailles, la contre-attaque d’Israël contre l’Iran. La décision d’Israël de répondre à l’attaque sans précédent de l’Iran a immédiatement suscité des appels à la désescalade de la part des dirigeants du monde entier, qui craignent un embrasement général du Moyen-Orient.
UNE CIBLE DE CHOIX POUR ISRAËL
Au cours des 15 dernières années, Israël a mené à plusieurs reprises des frappes aériennes et des cyberattaques contre l’Iran. Le Mossad a aussi, depuis 2010, fait assassiner cinq scientifiques nucléaires iraniens de premier plan.
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique de l’ONU s’est dit préoccupé par la possibilité qu’Israël cible des installations nucléaires iraniennes.
Le programme nucléaire iranien a été réactivé depuis que les États-Unis se sont retirés de l’accord nucléaire avec Téhéran il y a près de six ans. Si Téhéran recommence à développer secrètement une arme nucléaire et des missiles capables de la transporter, les experts américains et onusiens pensent que l’Iran pourrait être en mesure d’en déployer une en seulement quelques mois. Cela fait donc des installations nucléaires iraniennes une cible de choix pour les Israéliens. Mais attention ! Oseront-ils décider d’aller tout de suite au sommet de l’escalade ?
Une cible privilégiée pourrait être Natanz, l’une des plus grandes installations nucléaires iraniennes. Profondément enfouie dans le flanc d’une montagne, elle pourrait être inatteignable, même avec la plus grosse bombe anti-bunker américaine fournie à Israël.
Une frappe directe contre le programme nucléaire iranien entraînerait probablement le Hezbollah libanais, qui possède plus de 100 000 drones, missiles et roquettes, dans un affrontement direct encore plus important avec Israël.
NÉTANYAHOU OSERA-T-IL ?
Mais les Israéliens s’abstiendront probablement de mettre en colère leur plus important allié militaire et fournisseur d’armes, Joe Biden, alors qu’il est en campagne électorale. Les États-Unis ont déjà averti Israël qu’ils ne soutiendraient pas une attaque directe contre l’Iran.
Si ce n’est pas une frappe aérienne contre une installation nucléaire iranienne, c’est quoi alors ?
Ça pourrait être une cyberattaque. En 2010, une cyberopération conjointe américano-israélienne, appelée « Stuxnet », a saboté les installations nucléaires iraniennes, paralysant leur capacité à enrichir l’uranium et à fabriquer une bombe atomique. Stuxnet avait non seulement saboté le processus d’enrichissement de l’uranium, mais aussi le moral de ceux qui y travaillaient. Des scientifiques ont été soupçonnés de sabotage délibéré en y introduisant du matériel informatique contaminé (clés USB).
L’administration Obama a ensuite conçu un programme encore plus dévastateur, appelé « Nitro Zeus », qui pourrait rendre inopérants les défenses aériennes, les communications et le réseau électrique iraniens. Nitro Zeus a été abandonné en 2015, après que les États-Unis et cinq autres pays eurent signé l’accord sur le nucléaire iranien, qui rendait inutile Nitro Zeus. Puis le stupide Donald Trump s’est retiré de l’accord.
Israël, un des pays avec les capacités informatiques les plus importantes de la planète, a probablement développé sa propre cyberarme de type Nitro Zeus, si elle ne lui a pas déjà été fournie par les États-Unis.