Le Journal de Montreal

Après le budget, le NPD à la dérive

- Jeremy Ghio, directeur chez TACT, ex-conseiller de l’ex-cheffe du PLQ Dominique Anglade et ex-directeur des communicat­ions de Mélanie Joly

Effectivem­ent, je parle bien des néo-démocrates et non des libéraux. Pendant que tous les yeux sont rivés sur la dérive des finances publiques, le déficit de 40 milliards de dollars, la pluie d’annonces des libéraux et la nouvelle augmentati­on d’impôt sur le gain en capital, quel espace reste-t-il au Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD) ?

Il n’y a pas si longtemps, le NPD frappait aux portes du pouvoir à Ottawa. En l’espace de dix ans seulement, le parti a vu son influence fondre comme neige au soleil, passant de 103 à un maigre 27 sièges.

Si les élections avaient lieu aujourd’hui, le parti perdrait probableme­nt une autre dizaine de sièges. Pis encore, ce dernier budget libéral vient confirmer une chose : les libéraux sont plus orange que jamais.

RIEN NE VA PLUS

Rien ne va plus pour le NPD, qui fait face à un effondreme­nt de sa base électorale. Les progressis­tes lui tournent le dos, le milieu syndical part, ceux pour qui la lutte contre les changement­s climatique­s est une priorité disparaiss­ent tranquille­ment et, la cerise sur le gâteau, on assiste à une cascade de départs de plusieurs ténors du parti.

Rachel Blaney (whip du parti), Carol Hughes (élue depuis 2008), Charlie Angus (élu

2004) et Daniel Blaikie (vedette montante) ont tous choisi de quitter le navire à la dérive plutôt que de se battre pour sa survie. Ces départs en disent long sur l’équipe qui entourera le chef du NPD lors des prochaines élections. S’il est encore là, bien entendu !

Pendant ce temps, alors que le NPD est piégé dans un oneman-show qui ne génère pas les résultats escomptés, ses adversaire­s politiques volent encore dans leur boîte à lunch.

Les libéraux et les conservate­urs l’attaquent sur tous les fronts.

ÉCLIPSE

Pierre Poilievre grignote dans le vote des travailleu­rs et des gens qui peuvent s’être sentis abandonnés par le gouverneme­nt libéral. Et Justin Trudeau mord à pleines dents dans des promesses phares du NPD, comme l’assurance médicament­s universell­e, l’assurance dentaire, la lutte contre les changement­s climatique­s et, plus récemment, les taxes imposées aux plus riches annoncées dans le budget de hier.

Alors que les libéraux étaient autrefois vus comme un parti rouge avec des teintes de bleu, le budget fédéral confirme bel et bien l’intention des libéraux d’éclipser complèteme­nt les néo-démocrates lors des prochaines élections. Au lieu d’un virage vers la rigueur budgétaire comme certains pouvaient l’espérer, ils continuent de dépenser sans compter, sans laisser d’oxygène au NPD pour exister.

Pour espérer reprendre le contrôle de sa destinée, le NPD devra commencer par déchirer l’alliance avec les libéraux, qui ne leur a tout simplement rien apporté de bon, et envisager un changement de chef. Un nouveau leadership pourrait insuffler un nouvel élan, raviver l’engagement des militants et attirer de nouveau les déçus.

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