Le Journal de Montreal

Freeland ira piger dans les poches des ultrariche­s

Les libéraux veulent ainsi aller chercher 20 milliards $ au cours des 5 prochaines années

- JULIEN MCEVOY ET GABRIEL CÔTÉ

OTTAWA | Ceux qui ont des centaines de milliers de dollars d’actifs à liquider ont deux mois pour le faire. Dès le 25 juin, le gain en capital sera taxé davantage afin de permettre au gouverneme­nt Trudeau de payer ses nouvelles mesures.

« Je suis confiante que cette mesure n’aura pas d’effets négatifs sur le climat d’investisse­ment au pays », a dû se défendre la ministre des Finances, Chrystia Freeland, lors de la présentati­on de son budget, hier après-midi. Confronté à la perspectiv­e de perdre sa cote AAA parfaite, le gouverneme­nt Trudeau sort le bazooka. Il souhaite aller chercher 20 milliards sur cinq ans en augmentant à 66,6 % le taux d’inclusion des gains en capital supérieurs à 250 000 $.

Le gain en capital, c’est le profit qu’on touche quand on revend quelque chose dont la valeur a augmenté.

La plupart du temps, il s’agit d’actions d’entreprise­s cotées en bourse ou d’une résidence secondaire, comme un chalet.

La vente de la résidence principale, elle, va demeurer exempte d’impôts.

Le gouverneme­nt prévoit qu’environ 40 000 Canadiens (0,13 % de la population) et 300 000 entreprise­s (12 % du total) auront des revenus tirés de gains en capital l’an prochain. Aussi bien dire que la mesure ne touche que les ultra-riches. Les 40 000 individus visés gagnent en moyenne 1,4 million $.

DES PME TOUCHÉES

La mesure est douce-amère du côté des entreprise­s, car Ottawa ne pigera pas que dans les poches des multinatio­nales, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te.

« Des PME locales qui possèdent de plus gros actifs, comme des locaux ou des terrains, vont être désavantag­ées et devront payer plus d’impôt », a indiqué le viceprésid­ent de l’organisme, Jasmin Guénette, en entrevue avec Le Journal.

D’autres sont plus directs dans leurs critiques.

« Le gouverneme­nt est désespéré. Il tente de sauver sa peau et de s’en sortir en augmentant les taxes », s’est offusqué Robert Asselin, du Conseil canadien des affaires.

2 MILLIARDS $ POUR QUÉBEC

Il s’agit d’un budget « anti-productivi­té » qui va nuire aux investisse­ments au pays, a-t-il ajouté. Cela pourrait aussi faire mal aux propriétai­res de vieux immeubles qui ont gagné beaucoup de valeur.

Le fiscaliste Luc Godbout n’est pas prêt à aller jusque-là.

« On va aller chercher le plus d’argent dans les poches des grandes entreprise­s avec ça », a-t-il précisé, hier.

Cela sans compter, souligne-t-il, que Québec ne se fera pas prier pour accepter d’harmoniser ses propres règles. On parle d’un ajout de 2 milliards de dollars par année dans les coffres de l’État québécois.

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PHOTO D’ARCHIVES Dès juin, le gouverneme­nt canadien espère aller chercher des revenus supplément­aires chez les riches lors de la vente des résidences secondaire­s et chalets.

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