Freeland ira piger dans les poches des ultrariches
Les libéraux veulent ainsi aller chercher 20 milliards $ au cours des 5 prochaines années
OTTAWA | Ceux qui ont des centaines de milliers de dollars d’actifs à liquider ont deux mois pour le faire. Dès le 25 juin, le gain en capital sera taxé davantage afin de permettre au gouvernement Trudeau de payer ses nouvelles mesures.
« Je suis confiante que cette mesure n’aura pas d’effets négatifs sur le climat d’investissement au pays », a dû se défendre la ministre des Finances, Chrystia Freeland, lors de la présentation de son budget, hier après-midi. Confronté à la perspective de perdre sa cote AAA parfaite, le gouvernement Trudeau sort le bazooka. Il souhaite aller chercher 20 milliards sur cinq ans en augmentant à 66,6 % le taux d’inclusion des gains en capital supérieurs à 250 000 $.
Le gain en capital, c’est le profit qu’on touche quand on revend quelque chose dont la valeur a augmenté.
La plupart du temps, il s’agit d’actions d’entreprises cotées en bourse ou d’une résidence secondaire, comme un chalet.
La vente de la résidence principale, elle, va demeurer exempte d’impôts.
Le gouvernement prévoit qu’environ 40 000 Canadiens (0,13 % de la population) et 300 000 entreprises (12 % du total) auront des revenus tirés de gains en capital l’an prochain. Aussi bien dire que la mesure ne touche que les ultra-riches. Les 40 000 individus visés gagnent en moyenne 1,4 million $.
DES PME TOUCHÉES
La mesure est douce-amère du côté des entreprises, car Ottawa ne pigera pas que dans les poches des multinationales, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
« Des PME locales qui possèdent de plus gros actifs, comme des locaux ou des terrains, vont être désavantagées et devront payer plus d’impôt », a indiqué le viceprésident de l’organisme, Jasmin Guénette, en entrevue avec Le Journal.
D’autres sont plus directs dans leurs critiques.
« Le gouvernement est désespéré. Il tente de sauver sa peau et de s’en sortir en augmentant les taxes », s’est offusqué Robert Asselin, du Conseil canadien des affaires.
2 MILLIARDS $ POUR QUÉBEC
Il s’agit d’un budget « anti-productivité » qui va nuire aux investissements au pays, a-t-il ajouté. Cela pourrait aussi faire mal aux propriétaires de vieux immeubles qui ont gagné beaucoup de valeur.
Le fiscaliste Luc Godbout n’est pas prêt à aller jusque-là.
« On va aller chercher le plus d’argent dans les poches des grandes entreprises avec ça », a-t-il précisé, hier.
Cela sans compter, souligne-t-il, que Québec ne se fera pas prier pour accepter d’harmoniser ses propres règles. On parle d’un ajout de 2 milliards de dollars par année dans les coffres de l’État québécois.