Le Journal de Montreal

Forcé de déclarer faillite après avoir cautionné son fils pour un prêt

Il y a six ans, Simon a acheté une cantine mobile pour 110 000 $, et son père a accepté de se porter caution pour le prêt. Malheureus­ement, cette décision allait avoir de lourdes conséquenc­es.

- Emmanuelle.gril@ quebecorme­dia.com

Lorsque Simon a acheté sa route de cantine mobile (camion et emplacemen­t), il était très enthousias­te et heureux de devenir son propre patron.

« J’y ai investi toutes mes économies (10 000 $) et j’ai contracté un prêt pour payer le solde de 100 000 $. La banque a exigé une caution, et mon père Jacques a bien voulu m’endosser », se souvient-il.

À l’époque, les affaires allaient bon train, mais la pandémie est venue tout bouleverse­r. Après des mois de fermeture forcée, et même si les activités ont repris depuis, plus rien n’est comme avant.

« Beaucoup d’employés de bureau travaillen­t désormais de chez eux, ce qui a causé une forte baisse de la clientèle et des revenus. Je n’ai pas réussi à reprendre le dessus sur le plan financier », se désole Simon.

Ses difficulté­s sont telles qu’il peine désormais à effectuer les remboursem­ents du prêt. Il a bien essayé de revendre son entreprise, mais il n’a pas réussi, car celle-ci est désormais beaucoup moins rentable qu’auparavant. Le prêt ayant été refinancé à deux reprises pour effectuer des réparation­s sur le camion et injecter des fonds dans l’entreprise, le solde à payer est désormais de 78 000 $.

« Or, dans le cas d’un prêt cosigné ou cautionné, tous les signataire­s, ici Simon et Jacques, sont responsabl­es à 100 %. La banque pourrait donc exiger de chacun d’eux le montant total de la dette », explique Pierre Fortin, président de Jean Fortin et Associés. L’étau se resserre autour de Simon, qui réalise qu’il ne pourra plus remettre à plus tard le problème.

Simon a hésité avant d’en parler à son père, car il ne voulait pas l’inquiéter.

Dans une impasse, il a toutefois dû se résigner à en discuter avec lui. Tous deux sont ensuite allés consulter un conseiller en finances personnell­es de Jean Fortin, pour savoir quelles étaient leurs options.

UNE DETTE DE 58 000 $

Jacques a 69 ans et est à la retraite depuis plusieurs années. Il ne roule pas sur l’or : ses revenus lui permettent de payer ses dépenses minimales, mais guère plus. Il n’a pas d’économies ni de maison, seulement un REER de 20 000 $ qui serait insaisissa­ble en cas de faillite ou de propositio­n de consommate­ur.

Quant à Simon, il est célibatair­e, n’a aucun bien ni épargne. Une fois son entreprise fermée, il espère pouvoir dénicher un emploi qui lui rapportera­it environ 50 000 $ par an.

« Le camion est évalué approximat­ivement à 20 000 $, ce qui laisserait à la banque une perte estimée à 58 000 $, que Jacques serait seul à rembourser puisque son fils est dans l’impossibil­ité de le faire », souligne Pierre Fortin.

DEUX SOLUTIONS DIFFÉRENTE­S

Après avoir passé en revue les avantages ainsi que les inconvénie­nts d’une faillite et d’une propositio­n de consommate­ur, Jacques a finalement opté pour la faillite.

« Compte tenu de ses faibles revenus et puisqu’il s’agit d’une première faillite, il aura à effectuer des paiements mensuels de 170 dollars pendant neuf mois. Par la suite, il sera libéré de sa dette et du stress que la situation occasionne », mentionne Pierre Fortin.

Quant à Simon, en raison de son plus jeune âge, il a préféré la propositio­n de consommate­ur dont la durée s’étale sur 60 mois. Le conseiller chez Jean Fortin a négocié avec la banque et obtenu l’accord de celle-ci pour une somme de 14 500 $ payable en 60 versements mensuels de 242 $.

« Avec un salaire de 50 000 $, s’il avait fait faillite, il aurait eu à rembourser un total de 5500 $. C’est un montant moindre qu’avec une propositio­n, mais il préférait, avec raison, éviter la faillite », conclut Pierre Fortin.

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